Effervescence éditoriale, course aux prix…, la rentrée littéraire d’automne est traditionnellement une période d’intense activité dans le monde du livre francophone. La pléthore d’ouvrages disponibles expose les plus fragiles d’entre eux à un passage aussi éphémère qu’anonyme sur les tables des libraires. Au jeu de la visibilité et de la consécration, la presse joue naturellement un rôle de médiation et de conseil auprès des lectrices et lecteurs.
Le 10 septembre, la revue de presse du Carnet et les Instants proposait un bilan de l’accueil médiatique et critique des autrices et auteurs belges de la rentrée publiés dans des maisons d’édition françaises. Les maisons d’édition belges lancent leur rentrée quelques semaines plus tard que leurs homologues hexagonales ; les premiers livres arrivent sur les tables des librairies en septembre seulement. Cette deuxième livraison de notre revue de presse de la rentrée 2022 leur est consacrée.
Des fictions remarquées
Le roman se taille souvent la part du lion dans les pages littéraires des journaux. La rentrée, taillée pour la fiction romanesque comme en témoignent notamment les grands prix d’automne, accentue souvent le phénomène. Si l’observation se confirme globalement côté belge, on note toutefois que l’appétence médiatique pour la fiction s’accompagne d’une ouverture bienvenue vers la nouvelle.
Évocation romancée et inventive de l’artiste Stéphane Mandelbaum, Même pas mort ! de Véronique Sels, paru aux éditions Genèse, a reçu 3 étoiles dans Le Soir. Cédric Petit évoque un livre « joyeux, truculent ». Pour Marie-Claire, Aurélia Dejond désigne le livre comme l’un des « cinq coups de cœur » de la rentrée. La journaliste salue « un récit interpellant qui traverse trois continents et un siècle d’histoire, dans un style qui soutient la tension narrative sans jamais s’essouffler ».
Particulièrement remarqué en cette rentrée est le roman historique de Philippe Fiévet, Une colonne pour le paradis, paru aux éditions M.E.O. Il a bénéficié d’une double page dans Paris Match Belgique, magazine où il officie par ailleurs comme journaliste. Christian Marchand, qui signe l’article, s’est principalement intéressé à la genèse de ce « péplum mystique ». Pour Bruxelles Culture, André Cerasi note que « Philippe Fiévet revient sur une période trouble de notre passé et se penche sur un pan de l’histoire de notre civilisation en proie à un désordre qui coïncide avec le déclin d’un empire ». Dans La Libre, Jacques Franck accorde 2 étoiles au roman et commente : « L’auteur déploie dans son récit une imagination débordante autant qu’une solide documentation ».
2 étoiles aussi, mais dans Le Soir, pour Ces étoiles dans la nuit, le roman de Jean-Pierre Balfroid paru chez le même éditeur qu’Une colonne pour le paradis. Pierre Maury salue un roman « Certes basé sur un point de départ ambigu. Mais qui renverse, avec espoir, toutes les barrières entre les origines et les générations ». Gérard Adam, l’éditeur de Philippe Fiévet et Jean-Pierre Balfroid, publie quant à lui cette année Le maitre du Mont Xîn, roman qui a suscité l’enthousiasme de Willy Lefèvre pour le blog Les plaisirs de Marc Page : « Heureuse écriture que celle de Gérard Adam. Car embarquer le lecteur dans plus de six cents pages d’une aventure de profondeur philosophique demande une technique d’approche pour l’apprivoiser et susciter une curiosité grandissante ».
Passé inaperçu de Luc Dratwa, paru aux éditions Lamiroy, a fait l’objet d’un papier louangeur dans La DH, sous la plume de Jean-Marc Gheraille : « Luc Dratwa sait ménager le suspense. À découvrir ». The Brussels Magazine confirme : Luc Dratwa « manie les mots tout comme l’image. Précision et justesse sont de mise. »
En littérature policière, les deux dernières parutions de la collection « Noir corbeau » des éditions Weyrich ont récolté des commentaires favorables. Le nouveau polar de Line Alexandre, La prophétie des nains, a retenu l’attention de la rédaction de La Meuse, qui salue « un bon thriller bien de chez nous ! ». Le blog Les chroniques de Goliath s’est intéressé au Trou du diable du tandem Dumont-Dupuis : « Un roman avec une intrigue en forme de sac de nœuds parfaitement maîtrisée« .
Plusieurs contes et (recueils de) nouvelles de cette rentrée ont eux aussi été mis à l’honneur en cette rentrée. Ainsi trouve-t-on dans L’Avenir une présentation enthousiaste de Vous étiez ma maison, le conte de Violaine Lison illustré par Manon Gignoux, paru aux éditions Esperluète, un livre qui « suscite plein d’émotions fortes », où « la nature est magnifiée ». Sous la plume de Joseph Bodson, l’Association royale des écrivains et artistes de Wallonie (AREAW) a apprécié le « style d’une merveilleuse limpidité » et un livre qui aborde « sans avoir l’air d’y toucher, quelques-uns des thèmes essentiels de notre vie, et de la poésie, qui s’en veut l’une des expressions majeures ».
Quatre nouveaux recueils de nouvelles sont venus enrichir la collection « Belgiques » des éditions Ker. Chacun a fait l’objet d’une chronique dans Le Soir. Le quotidien a tout d’abord présenté le Belgiques de Grégoire Polet, conjointement avec son Petit éloge de la Belgique paru chez Gallimard : « C’est surtout plein de vie, de tendresse, d’amour pour ces anonymes qui défilent ou pour les fantômes de Verhaeren, Max Elskamp, Thomas Braun, Léopold II, Patinir, Zweig et Dürer encore… Des instantanés qui résonnent comme d’immenses tableaux« . Dans un article plus tardif, Jean-Claude Vantroyen évoque les trois autres nouveaux volumes de la collection, accordant 3 étoiles à celui de Myriam Leroy, et 2 à ceux de Rose-Marie François et Marc Quaghebeur. De la première, le critique écrit : « Myriam Leroy […] est fidèle à sa réputation : elle dit les choses qu’on cache souvent, elle rend visibles les sujets qui fâchent ou qui sont considérés comme non-littéraires« . Du recueil de Rose-Marie-François, il retient « la nostalgie d’une Belgique perdue, des souvenirs de l’enfance, de l’école, de l’exode de l’an 40, de l’apprentissage des langues« . À propos du livre de Marc Quaghebeur, enfin, Jean-Claude Vantroyen avance que « c’est la vie culturelle qui avive ses passions belges« . Ce dernier recueil est l’objet d’un ample papier de Philippe Remy-Wilkin pour le blog Les belles phrases. Le critique vante un recueil « si riche et si bien écrit ! D’une densité poétique. […] réussissant la gageure de conjuguer dans un même mouvement l’intime et le grand large ». Pour l’AREAW, Joseph Bodson met en exergue « [u]n cortège varié, éblouissant de mille paillettes, avec ses coins sombres, la tristesse, l’incompréhension, et ses plages de lumière ».
Même les pierres, le recueil de nouvelles de Tristan Alleman paru chez Traverse, a retenu l’attention de Willy Lefèvre pour Les plaisirs de Marc Page : « Dans une danse éperdue, l’écrivain vibre, plonge, nage et homme-poisson, abandonné à son sort sur son bois flottant… ».
Pour son recueil de proses courtes Parler avec les dieux (Éléments de langage), l’académicien nouvellement reçu Luc Dellisse a quant à lui participé à l’émission télévisée de la RTBF Sous couverture, où il a aussi été question de son livre précédent, Une vie d’éclairs.
Madame Irma, les chroniques humoristiques, à mi-chemin entre le billet et la bande dessinée, signées Kro (éditions Lamiroy), ont séduit le blog LU Cie & Co : « Si elles sont fines, les perles de Madame Irma sont aussi référencées que noires. […] On sourit aux premières pages, la banane s’élargit aux suivantes. On rit et on est cuit. »
Des sujets d’aujourd’hui
Les jeunes éditions CourtesLignes ont publié en cette rentrée L’impensé de l’IVG, dans lequel Dominique Costermans a recueilli la parole de plusieurs femmes ayant vécu un avortement. Sujet éminemment actuel, alors que le droit à l’IVG est remis en cause dans plusieurs pays où il semblait acquis, il est traité dans ce livre sous un angle rarement utilisé. Des qualités qui expliquent pour partie la couverture médiatique à la fois large et variée donnée à l’ouvrage. L’Avenir, qui publie une interview de l’autrice, salue « un regard doux sur un sujet tabou ». Pour le blog Lire est un plaisir, Bernard Delcord écrit que « ces témoignages, parce qu’ils sont de chair et de sang, remettent, si l’on peut dire, l’église au milieu du village ». Dans Moustique, Catherine Ernens se base sur le livre pour un article sur l’IVG aujourd’hui en Belgique et conclut : « L’essentiel est aujourd’hui de sortir du silence et d’écouter les femmes, toutes les femmes. Car comme le résume Dominique Costermans, ‘ce n’est pas la honte qui crée le silence. C’est le silence qui crée la honte. C’est parce qu’il y a une sorte d’interdit d’en parler qu’on en a honte. Du coup, c’est un cercle vicieux’ ». Enfin, le livre a logiquement retenu l’attention des Grenades, le média féministe de la RTBF, qui aborde L’impensé de l’IVG par une interview de son autrice.
Avec Plan COOP. Semer les graines d’un projet collectif et en partager les fruits (Ker), Nicolas Loodts et Thomas Schmit racontent le fonctionnement d’une coopérative maraichère et dispensent de précieux conseils pour celles et ceux qui voudraient démarrer un tel projet. Le sujet a retenu l’attention du Ligueur : « En fait, si cet ouvrage a attiré notre attention, c’est qu’en fin de chaque chapitre, il place toute la réflexion d’un projet coopératif à hauteur de famille ».
Cas unique dans ce tour d’horizon, Le peuple d’ici-bas. Christine Brisset, une femme ordinaire de Christine Van Acker (Esperluète) a reçu plus d’échos dans les médias français que belges. Christine Brisset était « angevine d’adoption » : une réalité qui n’a pas échappé au quotidien régional Le courrier de l’Ouest, lequel évoque à la fois le livre de Christine Van Acker et la figure de Christine Brisset, que le livre contribue à sortir d’un injuste oubli. Christine Van Acker, souligne le journal, « s’est attachée à lever le voile sur la personnalité singulière, sur l’âme tourmentée de Christine Brisset, et elle nous livre cette poignante biographie enrichie de multiples extraits d’archives, de témoignages et de citations ». Le livre a aussi fait l’objet d’une chronique de Clara Dupont-Monod sur France Inter, dans l’émission Par Jupiter ! : « la littérature protège de cette deuxième mort qu’est l’oubli ».
La poésie, d’abord sur le web
Côté poésie, l’accueil réservé à Jerk, le deuxième recueil de Maud Joiret (L’arbre de Diane) impressionne à la fois par l’enthousiasme des critiques et par la diversité des médias concernés. Dès le 3 septembre, Aliénor Debrocq dans L’Écho présentait le recueil comme l’une des trois sorties littéraires belges de l’automne (avec Le livre des sœurs d’Amélie Nothomb et Les tourmentés de Lucas Belvaux) : « un récit hors normes : le partage d’une voix poétique qui met en pièces le présent ». Dans La Libre, le recueil obtient 2 étoiles, Geneviève Simon vantant sa « verve incandescente, non exempte d’une certaine sensualité ». Pour l’AREAW, Joseph Bodson loue tout à la fois l’objet-livre, le propos de l’autrice et son « style bref, quotidien, mais lumineux, éclatant malgré l’ombre, mine de rien, et comme une géologie de la joie ». Enfin, le site culturel de référence Diacritik a consacré au livre et à son autrice non seulement une recension, mais aussi une interview, toutes deux orchestrées par Véronique Bergen. Laquelle ne cache pas tout le bien qu’elle pense du livre : « Indisciplinant les registres de langue, la poésie de Maud Joiret griffe, mord, lacère, violente, caresse le réel, les corps, illumine, troue la chair des époques, radioactive, mixe DJ supersonique les ondes du verbe, épouse l’énergétique des syllabes, des concaténations de perception. On aura compris que Jerk fait bouger la pensée, les émotions, les tripes, enregistre les pulsations de l’amour, du sexe, du malaise, de l’égarement ».
Locataire de Pascal Feyaerts, paru aux éditions Le coudrier, figure lui aussi parmi les comptes rendus du site de l’AREAW. La recension, signée par Patrick Devaux (qui a lui-même publié plusieurs livres au Coudrier), évoque un « sublime recueil où le poète vient très certainement d’ouvrir une porte qui lui est neuve ». Pour le blog Les belles phrases, c’est Philippe Leuckx, un autre auteur fidèle de la maison d’édition, qui évoque Locataire : « Il faut peu de mots à l’auteur pour exprimer le doute, l’impossible pari, la poussière qui peut recouvrir, ‘les plaies intimes’ ». L’Avenir, sous la plume de Thomas Léodet, s’est intéressé à un recueil qui est « l’oeuvre commune de deux artistes régionaux« , puisque le poète Pascal Feyaerts voisinent avec les oeuvres du peintre Derry Turla dans Locataire. Selon le journaliste, le poète « réussit à imposer son univers de doutes, de clartés et d’ombre« .
D’autres recueils poétiques de la rentrée ont aussi été commentés, principalement sur des blogs et sites internet. L’AREAW a ainsi consacré une recension au recueil de poésie de Liliane Schraûwen, Traces perdues, paru aux éditions Bleu d’encre. Martine Rouhart, qui signe le compte-rendu, décèle dans le recueil « Une certaine nostalgie […] La mort, partout présente d’une manière ou d’une autre, rôde souvent, rappelée sur bien des pages à la conscience ». Pour le blog Les plaisirs de Marc Page, Willy Lefèvre propose avant tout un florilège de vers du recueil notant que « [l]es mots de Liliane glissent sur les lèvres, à fleur de peau, à fleur de rêve… ».
Sur le même blog, Pierre Lepère commente quant à lui Incandescence, le premier recueil de Tatiana Gerkens (Bleu d’encre) : « Ce premier recueil montre toute la puissance et la délicatesse mêlées de […] vers qui s’affrontent et s’épousent sur les draps de la page pour une danse éblouissante d’évidence charnelle ». Pour Les belles phrases, Philippe Leuckx salue un « premier livre de poésie et une totale réussite, brûlant à l’image du titre ».
Paru chez le même éditeur, Maison mère de Philippe Colmant a suscité l’intérêt de Patrick Devaux pour l’AREAW, qui voit dans le recueil un « album photo rendant une juste époque dans un lieu très peu restauré ». Pour le même site, le même critique a aussi évoqué Il faut peu de mots de Martine Rouhart (éditions du Cygne) : « entre le minuscule et l’infini il y a la fulgurance poétique ».
Les essais
La rentrée 2022 des Impressions nouvelles a surtout été celle de l’essai. La bande dessinée en France à la Belle Époque 1880-1914 de Thierry Groensteen, à la fois beau-livre et somme de connaissance, a été largement commenté par les spécialistes de la bande dessinée. Le magazine dBD parle ainsi d’une « manne aussi inédite que passionnante » ; Canal BD magazine loue « un ouvrage passionnant qui remet dans la lumière des œuvres superbes, parfois tombées dans l’oubli depuis un siècle ». Dans BDZoom, Gille Ratier précise que « le célèbre théoricien et historien de la BD qu’est Thierry Groensteen s’est attaqué à un terrain quasiment vierge, ou du moins très confus — même pour les spécialistes —, de l’histoire de notre medium favori ». Chez le même éditeur, Jan Baetens a, lui, publié Illustrer Proust. Histoire d’un défi. Les publications sur Proust sont nombreuses en cette année anniversaire (l’auteur de La recherche est décédé en 1922), mais le livre de Jan Baetens, salué pour ses qualités, s’est taillé une exposition médiatique intéressante. Pour le site À voir à lire, David Neau écrit que « Jan Baetens partage avec nous une enquête qu’il a menée avec passion, et en refermant ce recueil, même s’il l’on n’a pas la réponse à la question « peut-on illustrer Proust ? », on aura le désir de découvrir les illustrations d’un peintre ou d’un photographe, et surtout, le plus important, de lire ou relire À la recherche du temps perdu ». Dans Diacritik, Christian Rosset relate : « Tout en effectuant un solide travail de rassemblement qui lui permet de poser nombre de questions essentielles (sans pour autant chercher à clore le dossier en apportant des réponses définitives), Jan Baetens évite de nous perdre inutilement en recensant un par un les essais d’adaptation de la Recherche, presque toujours catastrophiques, s’attardant de préférence sur ceux qui inventent quelque chose de singulier ». Jan Baetens a par ailleurs été l’invité de David Courier pour l’émission de BX1 Le courrier recommandé.
Le blog Lire est un plaisir s’est intéressé à l’essai d’Arnaud de la Croix paru chez Racine, Les templiers. Des croisades au bûcher. Bernard Delcord a particulièrement apprécié « la très grande érudition », « la fluidité de [l’] expression », mais aussi et surtout le fait que cet essai « aborde l’histoire de l’Ordre d’une manière neuve et de grand intérêt, fondée sur l’esprit et la mentalité des croisades associant tout à la fois guerre et spiritualité, économie et religion ».
Un peu de théâtre
Traditionnellement, les journaux parlent du théâtre dans leurs pages consacrées à la scène plutôt que dans leurs sections littéraires. Il y est alors plus question de mise en scène que de livres. Cette particularité de l’édition théâtrale rencontre toutefois quelques exceptions.
Ainsi, la pièce de Daniel Simon, La troisième nuit, publiée aux éditions Lansman, fait-elle l’objet d’un compte rendu sur le blog L’ivresse des livres : « Daniel Simon a l’art de la parabole, cette manière déroutante de dire l’apparence des choses, des êtres et des sentiments pour désarmer le lecteur-spectateur avant que ce dernier ne soit pris de vertige, découvrant que l’auteur nous tend un miroir où nous voyons nos rêves, ceux que nous avons réalisés et les autres… ».
Patrimoine : un classique et une lauréate du Femina
La couverture par la presse de l’actualité littéraire n’est pas seulement une course à la nouveauté. En témoigne l’intérêt suscité par les deux premières publications de la collection « Espace Nord » en cette rentrée.
Classique de notre littérature, Emile Verhaeren est revenu sur le devant de la scène avec Contes de minuit et autres nouvelles, une anthologie de fictions brèves, comprenant plusieurs textes parus seulement en revues, orchestrée par Christophe Meurée. La renommée du poète passe les frontières belges : dans Le Monde, François Angelier apprécie à la fois « la prose turgescente du poète, nouvelliste, dramaturge et critique » et l’anthologie « magistralement conçue par Christophe Meurée ». En Belgique, Fabrice Grosfilley a reçu l’anthologiste dans son émission Connaissez-vous ?. Le blog Lire est un plaisir souligne lui aussi l’intérêt de cette réédition et ponctue son compte-rendu d’un éloquent « Captivant ! ». L’ouvrage a aussi fait l’objet d’une brève dans La Libre, reprenant l’essentiel de la 4e de couverture. Le Soir, sous la plume d’Alain Lallemand, a accordé 3 étoiles à un livre « qui risque de dépoussiérer votre vision de l’auteur ».
3 étoiles, donc, soit une de moins que l’autre « Espace Nord » de la rentrée, Le trajet de Marie-Louise Haumont, dans lequel Alain Lallemand reconnait « le sens de l’infime signifiant d’une Nathalie Sarraute, un rien d’humour en plus ». Voilà qui justifiait la réédition au format poche du dernier livre belge à avoir remporté le Femina. C’était en 1976.
Pour conclure
Cette revue de presse s’arrête quand débute la campagne Lisez-vous le belge?. Elle offre à la littérature belge un moment d’attention bienvenu, qui pourrait rebattre les cartes et rendre les quelques conclusions tirées ici (partiellement) caduques.
Notre première revue de presse de la rentrée littéraire, consacrée aux auteurs et autrices belges publiés en France, dégageait des tendances nettes : quelques livres avaient retenu l’essentiel de l’attention médiatique. Pour les ouvrages parus en Belgique, les tendances sont nettement moins marquées et l’attention médiatique plus disséminée. Certes, les écrivain.e.s belges publiés en Belgique en cette rentrée sont beaucoup plus nombreux que leurs collègues ayant trouvé maison d’édition à leur pied outre-Quiévrain ; la répartition de l’attention est donc inévitable. Mais elle s’explique aussi par la plus grande variété des canaux par lesquels ces livres sont évoqués. Les pages littéraires des quotidiens ou hebdomadaires nationaux ne sont ainsi pas les lieux d’évocation principaux de ces livres, qui trouvent plutôt leur écrin médiatique sur des blogs, dans la presse locale – qui s’intéresse volontiers aux auteurs et autrices du cru -, hors des pages proprement littéraires (les journaux privilégient alors un sujet fort, tel que l’avortement), ou encore dans les publications de cercles littéraires (c’est particulièrement le cas pour la poésie).
Autre constat : la presse hors de Belgique est assez peu réceptive à la littérature publiée en Belgique. Un fait qui s’explique certes en partie par la faible présence des livres concernés dans les librairies hors de Wallonie et de Bruxelles, mais qui s’ajoute à la place restreinte allouée à la littérature belge dans les pages littéraires des journaux en Belgique… Les ouvrages qui, par exception, ont été évoqués dans la presse française sont des exemples éclairants. Ainsi de Verhaeren : l’auteur est un classique à la réputation dépassant largement nos frontières. Dans les autres cas, les sujets abordés (Christine Brisset, la bande dessinée en France…) intéressent directement nos voisins.
On notera par ailleurs que le propos des articles répertoriés ici est globalement louangeur. Bien que cette revue de presse ne puisse prétendre à l’exhaustivité, la tendance est manifeste. Dans les journaux comme sur les blogs, les critiques semblent avant tout soucieux de conseiller des livres qu’ils ont aimés. Une conséquence, peut-être, de la surproduction littéraire, qui contraint les journalistes à la sélectivité et condamne de nombreux livres au silence médiatique. L’embouteillage est particulièrement visible en temps de rentrée littéraire…
Nausicaa Dewez
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Cet article s’appuie en grande partie sur le travail de veille réalisé par les maisons d’édition et publié sur leurs réseaux sociaux.