Archives par étiquette : Michel Lambert

La renaissance du Rat mort

Michel LAMBERT, Cinq jours de bonté, Le beau jardin, 2023, 252 p., 20 € / ePub : 9,99 €, ISBN : 9782359700749

Lambert Cinq jours de bontéThomas Noble, le narrateur, emmène sa femme Raya à Ostende. Une permission de cinq jours lui est accordée. Hospitalisée dans une clinique spécialisée, c’est sa première sortie depuis longtemps. Thomas est nerveux. Il a peur de ses réactions. Du couloir de la mort où elle végète, il espère la conduire dans le couloir de la vie. Beaucoup de non-dits s’interposent. On sent un passé pesant, une fracture. Tous les deux sont enfermés dans des prisons différentes et ont banni depuis belle lurette de nombreux mots de leur vocabulaire, tels que chance, « espoir, demain, bonheur, chanter, rire… ». Thomas fait le clown pour détendre l’atmosphère, mais il est maladroit. Continuer la lecture

Le Top 2022 de Michel Torrekens

Le Carnet et les Instants revisite l’année littéraire 2022 avec le Top 3 de ses chroniqueurs et chroniqueuses. La sélection de Michel Torrekens. Continuer la lecture

Vienne la nuit sonne l’heure / Les jours s’en vont je demeure

Michel LAMBERT, Le ciel me regardait, Le beau jardin, Coll. « Sentinelles », 2022, 144 p., 14 € / ePub : 4,99 €, ISBN : 9782359700558

lambert le ciel me regardaitDes êtres se croisent ou se rencontrent. Les narrateurs de ces dix nouvelles retrouvent de vieux copains, d’anciennes connaissances ou amantes, suivent des inconnus dans la rue, abordent des femmes dans un bar, exhortés par les fantômes du passé, revoient peut-être un être cher pour la dernière fois… Se sont-ils vraiment connus ? Ne se fourvoient-ils pas ? La solitude s’est le plus souvent immiscée dans leur vie : histoires d’amour terminées ou avortées, enfants devenus grands, souvenirs heureux en perdition ou souvenirs malheureux que l’on avait essayé d’oublier mais qui « surgissent tel un épouvantail et vous sautent à la gorge ». Ces hommes aimeraient que quelqu’un leur pose une main réconfortante sur l’épaule, leur dise dans le creux de l’oreille « Je suis là », et que, contrairement à l’homme qui prononce ces mots dans la nouvelle du même nom, ces personnes rassurantes ne s’évaporent pas dans la ville. Continuer la lecture

Le Top 3 d’Émilie Gäbele

Chaque jour, Le Carnet et les Instants revisite l’année littéraire 2020 avec le Top 3 de ses chroniqueurs et chroniqueuses. Aujourd’hui : la sélection d’Émilie Gäbele. Continuer la lecture

La musique entêtante des souvenirs

Michel LAMBERT, Je me retournerai souvent, Pierre Guillaume de Roux, 2020, 208 p., 18 €, ISBN : 978-2-36371-327-8

Un mystérieux couple sans réelle attache se sépare au lendemain de la mort de l’écrivain Sam Shepard. Matthieu, qui a décidé ne plus prononcer un mot, parcourt les quartiers de son enfance en taxi et laisse défiler les kilomètres, le temps et les souvenirs. À Prague, Samy, un marchand d’art, est paralysé par une peur sournoise. À la mort de leur mère, deux frères et une sœur se retrouvent après de nombreuses années sans s’être vus. L’évocation du chanteur Arno ramène à l’esprit d’un comédien une certaine Shirley, une ancienne conquête faite de tristesse et de solitude. Bob donne rendez-vous à une femme et deux jeunes personnes devant la maison de Lord Byron qu’il admire particulièrement et les accompagne en voiture jusqu’à Paris. Thomas, envoyé à La Havane pour couvrir le cinquantième anniversaire de la mort d’Ernest Hemingway, tombe, par le plus grand des hasards, sur une ancienne amie. Paul retourne dans la rue de son enfance, passe devant la maison du dentiste Gontcharov et se souvient du malheur qui a frappé cette famille d’exilés. Continuer la lecture

Le Top 3 de Michel Torrekens

La rétrospective de l’année littéraire belge avec le Top 3 des chroniqueurs. Aujourd’hui : le choix de Michel Torrekens.


Lire aussi : la fiche de Michel Torrekens


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Le Top 3 d’Émilie Gäbele

La rétrospective de l’année littéraire belge avec le Top 3 des chroniqueurs. Aujourd’hui : le choix d’Émilie Gäbele.


Lire aussi : la fiche d’Émilie Gäbele


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Le Top 3 de René Begon

La rétrospective de l’année littéraire belge avec le Top 3 des chroniqueurs. Aujourd’hui : le choix de René Begon.


Lire aussi : la fiche de René Begon


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Michel Lambert dans la sélection de printemps du Renaudot

lambert michel

Michel Lambert

Le jury du prix Renaudot a livré sa traditionnelle sélection de printemps, qui comporte douze romans et récits. Un Belge figure dans la liste : Michel Lambert, remarqué pour son roman L’adaptation, qui vient de paraître aux éditions Pierre-Guillaume de Roux.


Lire aussi : notre recension de L’adaptation


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Couleur et nostalgie du ciel

Un coup de cœur du Carnet

Michel LAMBERT, L’adaptation, Pierre Guillaume de Roux, 2018, 264 p., 22,90€, ISBN : 2-36371-248-6

lambert l adaptation.jpgUn réalisateur, couvert d’un éternel chapeau, cherche sur les toiles d’une galerie d’art un ciel introuvable, une couleur et une atmosphère célestes qui devraient guider son prochain film. Il travaille sur l’adaptation d’une œuvre qui l’a profondément marqué : La jeune fille brune d’Alexandre Tišma. Sa femme Marion, décédée depuis cinq ans, lui avait fait découvrir ce roman. Comment adapter un récit durant lequel un homme cherche désespérément à revoir une femme avec qui il a passé une seule et unique nuit ? Comment transposer cette quête, ce fantasme qui s’efface petit à petit de sa mémoire, cette passion dévorante qui s’étale sur plusieurs décennies, cette course contre le temps et la peur du vieillissement ? Le réalisateur fait face à certaines difficultés, notamment le caractère hautement littéraire de l’ouvrage. Il n’a pas dit son dernier mot, mais peut-être est-ce son film de trop ? Des mauvaises langues le disent fini. Il accuse les refus des producteurs. La profession est intraitable avec ceux qui échouent. Continuer la lecture

Des rendez-vous manqués

Un coup de cœur du Carnet

Michel LAMBERT, Le lendemain, Pierre-Guillaume de Roux, 2017, 192 p., 19,90€, ISBN : 978-2-36371-187-8

lambert le lendemainDe rencontres fortuites en retrouvailles provoquées, ces neuf nouvelles convoquent des hommes et des femmes qui partagent, le temps d’un instant, des souvenirs surannés, envolés, la gêne d’une réunion improbable. Jean-Charles décide sur un coup de tête de rendre visite à un couple d’amis qu’il n’a plus vu depuis quinze ans. Vont-ils l’accueillir chaleureusement ? Un jeune homme recherche un peu de compagnie, un soir de fête et de grande solitude, et se retrouve attablé dans une discothèque avec un parfait inconnu, tout aussi seul que lui, rencontré quelques heures plus tôt dans un cinéma. Patricia revoit le père de son enfant qui l’a tant fait souffrir et ces lieux qu’elle a voulu fuir. Stéphane Malter sympathise avec son voisin de table dans un bar miteux de la côte. Ils renchérissent à qui aura le dernier mot et le cri le plus effrayant à la manière de Richard Widmark dans Panique sur la ville. Paul emmène sa compagne sur le champ de sa jeunesse, à travers ses premières expériences de planeur, ses premières peurs et ses premières envies de sublimer les choses par l’art. Dans un café où elle a ses habitudes, une femme attend un Xème homme rencontré sur la toile. À la terrasse du Continental, lieu qu’il fréquentait énormément lorsqu’il était journaliste, André tombe par hasard sur son ancienne maîtresse. Une autre terrasse voit l’invraisemblable réunion de Maxime Junior et d’un homme, tout de noir vêtu, qu’il avait croisé des années plus tôt, à l’hippodrome, là où Junior tentait tant bien que mal de se faire une place entre son imposant père et sa jambe boiteuse. Pour combler un manque, Roland recherche la présence d’Ingrid à la fête de fin de tournage du film dont il est le scénariste. Continuer la lecture

Annonce : rencontre littéraire le 18 mars

Journée de la Francophonie à Bxl

De touchantes promenades imparfaites

Un coup de coeur du Carnet
Emilie GÄBELE

lambertDes êtres avancent dans une ambiance caniculaire. L’air se fait lourd. La nébulosité augmente. Un obstacle et ils trébuchent. La chute était inévitable. Certains se relèvent rapidement. D’autres, aux abois, plongent « pour un instant, pour un instant seulement », ou pour une plus longue durée. Ces hommes et ces femmes parcourent les villes, à pied ou en voiture, errent dans leurs pensées, leur passé, leurs rêves. Ce sont tous de grands blessés. Certains ont été amputés d’une femme, d’une dignité, d’un rêve, d’autres d’une carrière, d’une voix, d’un ami, d’une raison… Ils avancent claudicant, bien souvent seuls, l’ombre d’une peur inconnue leur collant à la peau. Continuer la lecture

« À quoi ça rime? »

Samia HAMMAMI

lambertDans son éclairante postface à la réédition en Espace Nord (2015) de Dieu s’amuse, paru initialement aux éditions Pierre-Guillaume de Roux (2011), Nausicaa Dewez retrace le parcours aux multiples surgeons (journaliste, rédacteur en chef, chroniqueur, romancier, animateur d’ateliers, etc.) de Michel Lambert, homme à une seule souche : la littérature. Elle interroge plus précisément son rapport à la nouvelle, genre qu’il privilégie depuis son entrée en écriture et au sein duquel il se démarque par des recueils solidement cohérents, primés à plusieurs reprises. La postfacière l’inscrit dans une lignée résolument contemporaine : « D’évidence, la nouvelle telle que pratiquée par Michel Lambert rompt avec le canon de la nouvelle classique, à la Maupassant. Pour reprendre une terminologie proposée par René Godenne et aujourd’hui communément admise, on peut dire que Lambert pratique non la “nouvelle-histoire” mais la “nouvelle-instant”. » Sous cette dénomination se range une veine où, sans souci de raconter une histoire complète, est opéré un focus – la « spectrographie » – sur un moment déterminant de la vie d’un protagoniste lambda. Cette démarche implique le lecteur et, selon les propres termes de Lambert, l’invite à « faire travailler son imagination pour combler les blancs du texte ». Continuer la lecture