Archives par étiquette : Jean-Marie Corbusier

Outre

Jean-Marie CORBUSIER, Comme une neige d’avril, Lettre volée, 2022, 112 p., 17 €, ISBN : 978-2-87317-586-3

corbusier comme une neige d'avrilVoyageur aux prises avec un univers de mots, Jean-Marie Corbusier poursuit dans son nouveau recueil publié à La Lettre volée – Comme une neige d’avril – sa recherche de la poésie. Explorateur, télégraphe, le poète prend note de ce qu’il perçoit – spoiler alert – : de la neige, toujours plus de neige, de la neige sur de la neige. Le blanc, que ce soit celui de la neige ou du papier, occupe, par conséquent, une place prépondérante dans ce dernier recueil.

Cette comparaison pour titre dit bien l’état de précarité de l’univers dans lequel évolue le poète. Cet univers se caractérise par une absence de repères efficaces. Pire, les règles qui le régissent ne semblent pas fixées une fois pour toutes. Le sol se dérobe sous les pas du poète qui ne sait nommer précisément ce qui l’entoure (« Ici amas se dit congère / ailleurs/banc de neige / là-bas qui revient » ; « l’aube / qui a changé de nom / le doute encore »). Aussi, le poème « comme une neige d’avril » est-il l’image qui cache l’univers du dire impossible. Continuer la lecture

De la clairvoyance

Jean-Marie CORBUSIER, Ordonnance du réel, Taillis Pré, 2021, 12 €, ISBN : 978-2-87450-186-9

corbusier ordonnance du reel« Rassurés par un jet de lumière aux avant-postes de la nuit, nous alimenterons la poésie aux ailes de nos désirs. »

Après le recueil De but en blanc, Jean-Marie Corbusier délivre son ouvrage Ordonnance du réel, également publié au Taillis Pré. En une suite de poèmes en prose, adressés initialement à un « tu », le poète évoque l’essence et le mouvement de la poésie : « L’ombre et le sommet cohabitent dans une fertilité qui les dépasse, telle est la poésie insaisissable et une. » Continuer la lecture

Neutre, ou un « soleil sans ombre »

Jean-Marie CORBUSIER, De but en blanc, frontispice de Dominique Neuforge, Taillis Pré, 2020, 124 p., 14 €, ISBN : 978-2-87450-169-2

« Alors dans un frisson, s’ouvre l’espace derrière nous, seule confidence possible. »

De but en blanc, le dernier opus en date de Jean-Marie Corbusier, publié au Taillis Pré, laisse entrevoir un grand lecteur de la poésie d’André du Bouchet. De fait, celui-ci est explicitement cité à la page 78 du recueil, après Philippe Jaccottet et Yves Bonnefoy dans les pages précédentes. Sans doute issue de cette constellation poétique (rappelons que la revue L’éphémère a notamment lié Yves Bonnefoy et André du Bouchet à la fin des années 1960), la voix de Jean-Marie Corbusier se distingue toutefois par une poétique de la neutralité, très sensible. Entre l’aube et l’ombre, la parole de Corbusier tente de capter et de formuler les éclaircies : celles-ci semblent émaner d’un « feu pâle sa flamme tremblée ». Continuer la lecture

Derrière l’impossible des mots

Jean-Marie CORBUSIER, L’air, pierre à pierre, Taillis Pré, 2018, 137 p., 16 €, ISBN : 978-2-87450-134-0

Au téléphone, Jean-Marie Corbusier me dit qu’il est perfectionniste et pessimiste. Quel paradoxe ! Vouloir atteindre le sommet et ne pas y croire… Pour justifier cette apparente contradiction, il ajoute que pour lui, le mot est un obstacle derrière lequel il existe un espace nouveau et plus grand : le bonheur. À l’exemple du boxeur qui trouve la victoire après le combat. Autre explication : il fait une différence majeure entre le poème et la poésie. Continuer la lecture