La rentrée littéraire automnale est toujours une période d’effervescence pour le monde du livre. Le rituel de la rentrée littéraire, particularisme français, a essaimé – avec modération – en Belgique francophone. La cuvée 2020 survient toutefois dans un contexte difficile pour toute la chaine du livre, quasi mise à l’arrêt pendant 2 mois en raison du confinement. Tour d’horizon de la rentrée des auteurs belges, publiés en Belgique ou ailleurs.
Le temps d’après le confinement
Les semaines de confinement ont entrainé de sévères pertes pour l’ensemble des acteurs de la chaine du livre, des auteurs aux libraires. Plus encore que les autres années, la rentrée littéraire est attendue comme un moment crucial. Les programmes éditoriaux ont souvent dû être repensés, notamment pour intégrer les livres dont la sortie, prévue au printemps, a dû être repoussée en raison de la pandémie.
Plusieurs grandes maisons d’édition françaises ont annoncé une rentrée littéraire « resserrée » – comprenez : centrée sur des best-sellers assurés, certains éditeurs renonçant notamment à publier des premiers romans. Et en effet, d’après le calcul de Livres Hebdo, seuls 511 romans et recueils de nouvelles (traductions comprises) paraitront à la rentrée en France, soit le total le plus bas depuis 1999. Avec des disparités : alors que le nombre de romans francophones augmente (366 en 2020 contre 336 en 2019), le nombre de premiers romans est en chute nette, passant de 82 à 65.
La différence est notable avec les maisons d’édition littéraires belges, qui proposent, pour la plupart, un programme éditorial aussi étoffé que les années précédentes.
D’aucuns annonçaient par ailleurs une prolifération d’écrits de confinement – journaux, réflexions, fictions inspirées des événements récents… Une prédiction qui ne se vérifie pas vraiment dans les programmes éditoriaux qui nous ont été communiqués.
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La rentrée des éditeurs belges
Les éditeurs belges préparent une rentrée à la fois abondante et éclectique.
De nouvelles aventures éditoriales
La situation économique incertaine n’aura pas eu raison de l’initiative éditoriale en Belgique francophone.
On nous annonce tout d’abord le lancement des éditions du Sablon. À l’enseigne de cet éditeur, et sous la houlette du directeur de collection Eric Brucher, paraitront dès cet automne deux inédits et six rééditions de livres précédemment publiés aux éditions Luce Wilquin. Le programme complet devrait être dévoilé en septembre.
Aux éditions Névrosée, c’est une nouvelle collection qui voit le jour. « Sous-exposés » sera le pendant masculin de « Femmes de Lettres oubliées » : y paraitront des livres, d’auteurs belges pour la plupart, qui n’ont pas eu l’attention publique et critique qu’ils méritaient lors de leur sortie.
Les éditions du Coudrier lancent quant à elles la collection « À cœur d’écrits ». Le concept ? Un auteur évoque des livres d’autres auteurs.
Les romans font leur rentrée
C’est, traditionnellement, dans le domaine du roman que la rentrée littéraire est la plus active. 2020 ne fera pas exception à la règle.
M.E.O. mise résolument sur les premiers romans. Trois, dont deux d’auteurs belges, sont au programme de la rentrée : Pas faite pour de Véronique Adam et Une histoire belge de Robert Massart. Ces nouveaux auteurs côtoieront Daniel Charneux, dont le roman À propos de Pre est prévu pour le 1er septembre.
Aux éditions Maelström, Chantal Deltenre, autrice habituée de la maison, revient avec un récit, Où part l’amour. Elle voisinera avec la peintre et dessinatrice Pascale Moulias, dont le récit Sur le chemin paraitra également en cette rentrée.
La rentrée des Impressions nouvelles se jouera surtout dans le domaine de la non-fiction, mais avec une incursion notable dans le domaine du roman : Sandrine Willems, dont le précédent titre chez le même éditeur, Devenir oiseau, avait été finaliste du Rossel 2018, publie cette année Consoler Schubert. L’autrice y entremêle le récit de la vie de sa grand-mère et une évocation de Franz Schubert.
Nicole Malinconi prendra part à cette rentrée littéraire, sous la bannière des éditions Esperluète. Ses Poids plumes avaient marqué la rentrée littéraire 2019. Avec Un soir en cuisine, elle narrera cette année une soirée passée dans les cuisines d’un restaurant étoilé. Observatrice attentive, l’autrice écrit les gestes de chacun, du maitre d’hôtel au plongeur, et le rythme, bien rôdé, du travail de tous.
Les éditions Ker préparent un programme de rentrée copieux et diversifié, où nouvelles et essais côtoieront un roman de Vincent Engel, Les vieux ne parlent plus : l’histoire d’une société où l’État décide de prendre totalement en charge les séniors, rassemblés dans des Villages de Santé pour Aînés – du moins tant qu’ils ont les moyens financiers de se payer ces services… Le même éditeur publiera aussi la lauréate du prix Laure Nobels – Brabant Wallon dont le nom sera dévoilé à l’automne.
Au Cactus inébranlable paraitra le premier roman de Pierre Stival, Une caravane attachée à une Ford Taunus – annoncé par son sous-titre comme un « roman à haut potentiel poétique ».
Cette rentrée littéraire sera aussi celle de Véronique Janzyk, aux éditions Onlit, son éditeur habituel. Celle qui alterne romans (J’ai senti battre notre cœur, La robe de nuit) et nouvelles (Le vampire de Clichy) fera cette fois entendre la singulière poésie de ses mots dans un roman, Vincent. Le personnage éponyme, paralysé, circule en voiturette et jette sur le monde le regard de celui qui n’a plus rien. Autre événement d’importance pour Onlit: Mourir la nuit, le récit par Anne-Cécile Huwart de six années passées dans les coulisses de l’instruction des crimes sorti à la rentrée 2019, reparaitra cet automne en co-édition avec la maison d’édition parisienne Les équateurs (qui publie notamment les livres d’Isabelle Spaak). Le livre s’offrira ainsi une seconde vie prometteuse sur le marché hexagonal.
Rentrée en blanc et noir pour les éditions Weyrich. Deux nouveaux livres (les titres sont encore à déterminer) s’inscriront dans la collection « Noir corbeau ». Née en 2019, celle-ci est vouée aux polars ancrés en Belgique. La collection « Plumes du coq » s’enrichira quant à elle d’un livre de Fidéline Dujeu, Larmes de crocodile, récit poétique et cruel d’une relation entre une mère et sa fille enfant puis adolescente, suivi par le récit d’une femme qui évoque l’emprise exercée par son compagnon, à la fois ennemi et troublant double d’elle-même. André-Joseph Dubois sera lui aussi de la rentrée dans la collection où il a publié tous ses romans depuis Les années plastique en 2012. On retrouvera son écriture incisive et précise dans Le septième cercle. Habitué lui aussi de la collection, dans laquelle il a déjà publié Les étoiles de l’aube (prix des Lycéens de littérature 2013) et Un jardin dans les Rocheuses, Bernard Gheur publiera Les orphelins de François. Il y évoque sa passion pour le cinéma, et en particulier sa relation épistolaire avec François Truffaut, et le rôle qu’elle a joué dans sa vocation littéraire.
Lire aussi : Bernard Gheur : des émois de l’adolescence aux souvenirs de la Deuxième guerre mondiale (C.I.168)
Genèse Édition fera confiance à deux auteurs pour cette rentrée littéraire : Frank Andriat et Michel Claise. Frank Andriat présentera un nouveau roman, Les mardis d’Averell Dubois, autour des aventures drolatiques du personnage éponyme, à qui les mardis ont tendance à porter la poisse. Genèse rééditera par ailleurs Gaume du même Frank Andriat, roman sur le retour à la nature d’un cadre bruxellois workaholic. Chez le même éditeur, Michel Claise achèvera sa trilogie des Pas perdus. Les deux premiers volumes (Les années Guerre et Les années Paix) sont réédités dans la collection de poche tandis que le dernier, Les années d’or, encore inédit, paraitra en grand format. Ancrées dans trois périodes emblématiques – la Deuxième guerre mondiale, l’après-1945 et les golden sixties – la trilogie explore, au côté de personnages attachants, trente ans de l’histoire de la Belgique.
Quatre romanciers belges feront leur rentrée aux éditions Academia. La psychanalyste Danielle Bastien livrera avec Bientôt déjà hier les récits entrecroisés d’une mystérieuse inconnue arrivée dans un hôpital psychiatrique et d’une psychanalyste qui plaque tout pour recommencer sa vie. Et ta sœur ? de Pierre Mainguet est le récit d’un destin de femme, entre amours contrariées et coups du sort. Auteur de bande dessinée, Benoit Roels publiera son deuxième roman, Les pantins innocents, histoire d’une croisière d’apparence anodine, mais au cours de laquelle de curieux incidents font monter l’angoisse. Du sel dans les oreilles est le journal de bord de Lia Capman, embarquée pour un long voyage en voilier avec un capitaine aussi néophyte qu’elle.
Écho du confinement aux éditions Lamiroy : dans On va tous crever !, Frédéricque Bigonville met en scène la petite Frédé, qui s’interroger sur le monde et l’actualité liée à cette période particulière. Chez le même éditeur, Thierry Coljon offrira, avec Souviens-toi de Venise, Corto, une nouvelle aventure à son héroïne Marine Lehner, après Stromae est mort à New York. De Maxime Damo, La tête hors de l’autre intégrera la collection « Zone 30 », dédiée aux auteurs de moins de trente ans. Les Croquettes en stock de Xavier Huberland nous emmèneront à la suite d’Albert II, près d’abdiquer, pour un colloque singulier avec des personnalités belges.
Aux éditions Samsa, Véronique Bergen évoquera, avec Ulrike Meinhof, l’une des figures de la Fraction armée rouge qu’elle avait déjà abordée dans Aujourd’hui la révolution (Golias, 2011) – un livre dont elle offre ici une version largement remaniée. Après notamment Kaspar Hauser ou Unica Zurn, l’écrivaine et philosophe poursuivra son exploration des figures oubliées ou méconnues de l’histoire, auxquelles elle s’attache, par la fiction, à redonner une voix.
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De bonnes nouvelles
Il est sans doute vain de chercher à dégager des tendances thématiques, des lignes de cohérence rassemblant des livres qui n’ont d’autre point commun que d’être publiés au même moment. On notera néanmoins la belle représentation des nouvelles (et proses courtes) dans les programmes de rentrée. Genre réputé difficile, il aurait pourtant pu pâtir, plus encore que d’autres, de la situation économique du moment.
Qui dit nouvelles dit évidemment éditions Quadrature. L’éditeur néo-louvaniste, dont le catalogue est dédié au genre court, publiera en cette rentrée littéraire un recueil de Jean-Pierre Janssen, On n’entre pas comme ça chez les gens, dont les nouvelles mettent en scène un personnage d’huissier de justice.
Habituée elle aussi de la nouvelle, la maison d’édition Lamiroy poursuivra cet automne la publication hebdomadaire d’une nouvelle dans la collection « Opuscules ». Les auteurs annoncés sont France Arnaud, Patricia Culot, Chloé Derasse, Virginie Doucet, Lionel Estève, Julien Landel, Marcel Leroy et Clarisse Michaux, tandis qu’un hors-série paraitra sous le titre Chat pitre. La collection connait depuis quelque temps une déclinaison jeunesse, sous le nom « Adopuscule ». Cette dernière accueillera un texte de Pauline Deruysscher, L’inavouable vérité.
Plus inhabituel, les éditions Murmure des soirs ont aussi opté pour une rentrée entièrement placée sous le signe de la nouvelle. Et plus précisément de deux recueils collectifs. Dans l’un, Sprimont s’enlivre, Paul De Ré, Jacqueline Calembert, Vincent Herbillon, Didier Joris, Yvette Sépulchre célébreront la commune de Sprimont. L’autre, Du côté des librairies, a mobilisé les auteurs habitués de la maison pour un hommage aux libraires et librairies. On y retrouvera les signatures de Jean-Pierre L. Collignon, Jean-Marc Defays, Paul De Ré, Pierre Hoffelinck, Michel Lauwers, Dominique Maes, Alexandre Millon, Marc Pirlet, Jean-Marc Rigaux, Martine Rouhart, Erik Sven, François Tefnin ou encore Michel Van den Bogaerde.
Les éditions Traverse mettront elles aussi la nouvelle à l’honneur, avec un recueil de Lorenzo Cecchi, La solitude des anges gardiens, et un autre de Tristan Alleman, Même les pierres, dans lequel l’auteur saisit quelques instants de vie, et y injecte une dose de merveilleux. Quant à Olivier Terwagne, il livrera avec Momentanément absent des Récits d’un temps volatil et une réflexion sur le temps – celui de la mémoire ; celui, (trop) court, qui est le lot de notre présent.
Aux éditions Onlit, Jacques Richard publie Nues, des textes courts inspirés de son travail de plasticien et de professeur d’art. Il y évoque une série de femmes peintes nues, et médite sur la monstration du corps, le regard de l’artiste, et la relation entre artiste regardeur et modèle regardé.
« Belgiques » des éditions Ker est une collection de recueils de nouvelles qui esquissent, sur le mode du patchwork, une image, des images, de la Belgique. Déjà riche de huit recueils (dus à Frank Andriat, Luc Baba, Alain Dartevelle, Vincent Engel, Jean Jauniaux, Françoise Lalande, Giuseppe Santoliquido, et Yves Wellens), la collection s’enrichira cet automne de trois nouveaux volumes, confiés à autant de plumes subtiles, qui tireront la thématique «Belgiques » vers des chemins divers. Des Marolles aux Cantons de l’Est, Véronique Bergen nous promène dans une Belgique rêvée, où surgissent aussi bien Léopold II que la pandémie. Marianne Sluszny explore des destins de femmes au sortir de la première guerre mondiale, lorsque les unes obtiennent le droit de vote, et pas les autres. Michel Torrekens, enfin, interroge l’identité et la pérennité de la Belgique, au travers de motifs emblématiques : l’homme de Spy, les Diables rouges, Semira Adamu…
La rentrée des éditions La pierre d’alun, sera placée sous le signe du dialogue entre le texte et l’image. Léon Wuidar racontera le quotidien d’un enfant qui s’interroge sur les fumeurs et la tabagie, dans La première cigarette, un ouvrage rehaussé de collages de l’auteur. Mon oeil avec! est le résultat du dialogue de deux Stefan, Liberski et De Jaeger, l’un écrivain, l’autre peintre alors que L’instant décisif voit se répondre Georges Meurant et Pierre Radisic.
Les éditions Marque belge annoncent 50 histoires tendres au temps du coronavirus, un recueil de nouvelles de Michel Visart écrites pendant le confinement, mettant en scène des citoyen.ne.s dans le quotidien chahuté de la pandémie.
Les éditions du Coudrier publieront un recueil de récits de Catherine Berael, Cabotage.
Maelström rééditera une nouvelle de Jacques De Decker, Suzanne à la pomme, rehaussée d’illustrations de Maja Polackova.
Aux éditions du Cerisier, les courtes fictions de Restez chez vous ! Portes closes. Cris, chuchotements et colères au temps du virus, signées Marc Chambeau, suivent le destin de plusieurs personnages plongés durement éprouvés par le confinement.
Enfin, aux éditions de la Renaissance du livre, Dominique Costermans et Régine Vandamme publieront le premier volume du Bureau des secrets professionnels. Le livre est le fruit d’un important travail, réalisé par les deux autrices, de collecte d’histoires et anecdotes qui se déroulent dans le monde du travail.
La rentrée poétique
La Belgique francophone peut s’enorgueillir d’une densité exceptionnelle de maisons d’édition de poésie de haute tenue. Elles préparent une rentrée littéraire à la hauteur de leur réputation.
Les éditions du Taillis pré publieront quatre recueils d’auteurs belges à la rentrée. Dans De but en blanc, Jean-Marie Corbusier, à qui l’on doit déjà L’air, pierre à pierre aux mêmes éditions du Taillis pré, développera sa poésie lapidaire, souvent comparée à celle de Fernand Verhesen ou André du Bouchet. Après Murmures duchardon, le nouvelliste et poète Marc Menu revient avec Ce soir, c’est relâche, un recueil qui allie humour et ironie pour évoquer le monde des écrivains. Paul Emond, qui préface l’ouvrage, a ces mots : « … tant pis ou tant mieux si ce rideau, comme chez Boris Vian à la fin d’une de ses pièces, glisse sur une cochonnerie et tombe en poussant un hurlement affreux ». Un troisième recueil, signé Anne Rotschild, paraitra aussi à l’automne, sous le titre Au pays des Osmanthus. Enfin, Amnésie! rassemblera les poèmes du peintre Yvon Vandycke, auquel une exposition sera consacrée à Liège au même moment.
L’arbre à paroles annonce quatre recueils. L’éditeur rendra tout d’abord hommage à Rio di Maria, qui fut pendant dix ans président de la Maison de la poésie d’Amay et est décédé le 23 mars, avec la réédition, revue et augmentée, de son recueil Éblouissements de l’exil. Claude Miseur publiera Sur les rives du même ; Francesco Pittau fera paraitre Épissures, tandis que le nouveau recueil de Rose-Marie François portera le beau titre de Temps sans faux.
De Rose-Marie François paraitra aussi un recueil au Tétras lyre, L’écho du regard. Les poèmes qui le composent sont inspirés d’œuvres picturales de Charles Delhaes, reproduites dans le recueil en regard des poèmes. Au Tétras lyre, cette rentrée littéraire sera aussi la première d’Audrey Voos, qui a succédé au printemps à Primaëlle Vertenoeil à la tête de cette exigeante et dynamique maison poétique. Outre le recueil de Rose-Marie François, deux ouvrages sont prévus dans la collection « De Wallonie », collection bilingue wallon-français : l’un de Laurent Hendschel, Dins des sôres di romances (titre provisoire) ; l’autre, Favenales (titre provisoire), de Jacques Warnier.
Comme pour Rose-Marie François, le dialogue entre la poésie et les arts plastiques sera aussi au cœur du nouveau recueil de Stéphane Lambert, Écriture première. Après Art poems, l’écrivain poursuit son œuvre poétique aux éditions La lettre volée. Son nouveau recueil sera rehaussé d’illustrations d’Evi Keller.
Aux éditions Maelström, Daniel De Bruycker poursuit ses neuvaines, qui lui ont déjà valu le prix littéraire du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Après les Neuvaines 1 à 3 et les Neuvaines 4 à 6, le poète publiera logiquement cet automne les Neuvaines 7 à 9.
Aux éditions du Coudrier, Nadine Simal publiera le recueil Bleu de femme.
Après deux romans (Une dose de douleur nécessaire et L’île longue, tous deux aux éditions Autrement) et un album pour la jeunesse (L’ours Kintsugi, illustré par Marine Schneider, Cambourakis), Victoire de Changy s’essaie à la poésie avec un recueil annoncé aux éditions L’arbre de Diane, La paume plus grande que toi, où elle évoque ses premiers pas dans la maternité.
Les éditions Lamiroy publieront Le sucrier de velours suivi de Parmi moi seul (titre à confirmer) de Marc Danval, recueil double qui évoque notamment les grands jazzmen.
Au Cactus inébranlable, André Stas et Éric Dejaeger s’associent pour Limitation de la poésie. Cours clastique en préparation au bac à ordures, un recueil dans lequel les deux auteurs parodient des débuts de poèmes et de chansons célèbres (ou pas).
Après Sorties du temps (2015) et Cases départ (2018), les éditions Le Cormier publieront un nouveau recueil poétique de Luc Dellisse, Le cercle des îles.
Le théâtre dans un fauteuil
Alors que la saison théâtrale recommencera avec des règles de distanciation inédites, le théâtre à lire sera lui aussi bien présent en cette rentrée. Les éditions Lansman, référence du genre, proposent un programme de rentrée ambitieux, avec plusieurs auteurs belges.
Après La solitude du mammouth et sa participation au collectif 50 ans, ça se joue Geneviève Damas publiera Quand tu es revenu. Autre habitué de la maison, Régis Duqué (Greenville, Les voies sauvages) signera John Malone. La parution de Rumeur de Thierry Janssen accompagnera la création de la pièce au théâtre Le Public, tandis que Muzungu de Vincent Marganne sera créé au Rideau de Bruxelles.
Lansman publiera aussi trois pièces pour le jeune public : Chèvre, Seguin, loup, de Julie Annen, C’est ta vie de la Compagnie 3637 et Jimmy n’est plus là de Guillaume Kerbusch. Trois pièces qui seront jouées parallèlement à la parution du texte.
Traditionnellement actives dans le domaine du théâtre elles aussi, les éditions du Cerisier publieront Brèche(s) de la Compagnie Buissonnière. Dans ce monologue théâtral, le protagoniste raconte l’expérience qu’il a menée d’une création collective en milieu carcéral.
L’essai
La non-fiction régnera sur la rentrée littéraire des Impressions nouvelles, avec une programmation où auteurs français et belges voisinent. Pour les seconds, on épinglera la parution d’un livre de Tanguy Habrand, Le livre au temps du confinement. Spécialiste de l’édition belge et de son histoire (on lui doit, avec Pascal Durand, le volume de référence Histoire de l’édition en Belgique (XVe-XXIe siècle)), l’auteur se penchera cette fois sur son présent : les conséquences du confinement sur les pratiques de lecture et d’édition. Les Impressions nouvelles publieront aussi les actes d’un colloque consacré à Jean-Philippe Toussaint : Lire, voir, penser l’œuvre de Jean-Philippe Toussaint. De Jan Baetens paraitra Adaptation et bande dessinée. Éloge de la fidélité. La rentrée sera franco-belge pour Jean-Philippe Toussaint et Jan Baetens, puisqu’ils publieront aussi respectivement aux éditions de Minuit et de L’herbe qui tremble.
Le coudrier inaugure sa nouvelle collection « À cœur d’écrits » avec un auteur maison : Jean-Michel Aubevert. Dans Les entrelus de Jean-Michel Aubevert, il évoque des livres qu’il a lus.
Avec Aspirations, Carlos Vaquera achèvera aux éditions Lamiroy sa trilogie entamée avec Inspirations et Expirations.
Aux éditions Ker, Géraldine Remy prolonge la réflexion entamée dans Les secrets de la licorne avec Qui veut la peau de la licorne ? Sous-titré De l’écoanxiété à la résilience intérieure, ce livre explore la manière dont nous pouvons appréhender l’état peu engageant du monde actuel – les catastrophes écologiques présentes ou annoncées notamment – et nous engager sur la voie de la résilience et de la solidarité.
Ker est aussi l’éditeur de Textyles, revue de recherche consacrée à la littérature belge francophone. Le numéro de rentrée sera dédié à Georges Eekhoud (1854-1927), et plus particulièrement à l’écrivain d’art et au poète.
Pour les éditions du Cerisier, Jules Pirlot évoquera la figure et le parcours de Julien Lahaut dans un essai intitulé Julie Lahaut, vivant.
Aux éditions des Midis de la poésie paraitra La poésie pour adultes et enfants : le grand écart? du poète national Carl Norac. Un livre qui prolonge la conférence donnée par l’auteur aux Midis de la poésie.
Au Taillis pré, la poésie sera aussi au coeur du Regard éclairé (tome 2), recueil des interventions prononcées lors des rencontres internationales du Journal des poètes en 2019.
Des classiques à (re)découvrir
La collection Espace Nord, sous la houlette de l’équipe des Impressions nouvelles, poursuit son travail de mise à l’honneur des classiques littéraires belges d’aujourd’hui et de demain. Alors que parait son nouveau livre aux éditions Esperluète, Nicole Malinconi fait aussi sa rentrée en Espace Nord, avec une réédition augmentée du double volume Nous deux/Da Solo, où l’on retrouvera l’adaptation de Da Solo réalisée pour le théâtre par Angelo Bison. La collection s’enrichira ensuite d’un volume de Jean-Claude Pirotte, Un voyage en automne/Cavale. L’écrivain décédé en 2014 était déjà présent au catalogue d’Espace Nord, avec La pluie à Rethel. La collection réédite par ailleurs Olivia de Madeleine Ley (1901-1981), l’un des plus anciens titres du catalogue, devenu indisponible.
Les éditions Névrosée poursuivront leur travail d’exhumation et de mise à disposition du grand public d’œuvres littéraires du passé. Après Âme blanche, la collection « Femmes de lettres oubliées » s’enrichira d’un deuxième livre de Marguerite Van de Wiele, Fleurs de civilisation. Avec Je suis le ténébreux de Monique Alika-Watteau, c’est un roman fantastique qui vient étoffer le catalogue.
Comme nous l’écrivions plus haut, la jeune maison d’édition se dotera aussi, en cette rentrée, d’une nouvelle collection, « Sous-exposés », pendant masculin de la précédente. Et frappera d’emblée un grand coup, avec pas moins de cinq ouvrages déjà annoncés : Le tatouage bleu d’Horace van Offel, Le musée d’Alain Bosquet de Thoran, Du bleu dans les nuages de Jacques Henrard, et Le carillonneur de Georges Rodenbach.
Dans le domaine patrimonial, on notera encore que l’éditeur suisse Zoé publiera À la recherche de Marie, de Madeleine Bourdouxhe (1906-1996).
Les Belges en France
La rentrée littéraire concoctée par les éditeurs d’Outre-Quiévrain mettra aussi à l’honneur plusieurs auteurs et autrices belges, habitué-e-s ou non de ce moment chaud de l’année littéraire.
La fiction
La rentrée littéraire 2020 aura un petit gout de déjà-vu pour les auteurs belges publiés en France. Amélie Nothomb, Jean-Philippe Toussaint et Nadine Monfils, déjà présents lors de la rentrée 2019, seront à nouveau de la partie cette année.
Amélie Nothomb, qui a manqué de peu le Goncourt avec Soif en 2019, publie cette année, toujours chez Albin Michel, Les aérostats, histoire de la rencontre entre une étudiante bruxelloise et un adolescent dyslexique à qui elle donne des cours particuliers. Le roman paraitra simultanément en audiolivre, aux éditions Audiolib.
Rentrée chargée pour Jean-Philippe Toussaint. Outre les actes du colloque qui lui a été consacré à paraitre aux Impressions nouvelles, il publiera aux éditions de Minuit Les émotions, un livre qui met à nouveau en scène Jean Detrez, agent de la Commission européenne et personnage principal de La clé USB.
Nadine Monfils avait arpenté avec bonheur de nouveaux territoires l’année dernière, avec Le rêve d’un fou, biographie poétique et fantaisiste du Facteur Cheval. Le souffleur de nuages, à paraitre en septembre aux éditions Fleuve, creuse ce sillon prometteur.
Le dernier roman de Diane Meur, La carte des Mendelssohn, date déjà de 2015. Cette autrice rare revient cette année avec Sous le ciel des hommes, à paraitre à l’enseigne de Sabine Wespieser, son éditrice de toujours. Un roman qui nous plonge dans le grand-duché d’Éponne, où le calme n’est qu’apparent.
Lire aussi : Diane Meur, grave et drôle (C.I. 189)
À côté de ces plumes confirmées, plusieurs jeunes auteurs prendront aussi part à la rentrée littéraire. Les éditions Allia présentent le premier roman de Gilles Ribero, Clairières, où il est question d’une série de meurtres qui déstabilisent le héros et le plongent dans un univers incertain.
Autre premier roman : celui de Pascaline David. Fondatrice des éditions Diagonale et autrice d’un livre d’entretiens avec Jérôme Ferrari, elle passe à la fiction avec La colère des simples, à paraitre aux éditions Sans Escale. Lesquelles publieront aussi le premier roman de Philippe Fiévet, Sur un air d’opéra bouffe. Après Le temps des arbres, évocation de son jardin et ode à la nature publiée aux éditions du Rouergue, Philippe Fiévet se lance à présent dans la fiction, et nous introduit dans le milieu des critiques gastronomiques.
Le prix Femme Actuelle réussit aux auteurs belges. Alors que Benoit Sagaro est le grand vainqueur de l’édition 2020, avec La conjonction dorée (Les nouveaux auteurs) paru au printemps, deux autres auteurs belges ont remporté le prix du thriller : Sandro Galeazzi et Guillaume Grâces. Magister dixit paraitra à la rentrée, aussi chez Les nouveaux auteurs.
Les grands compositeurs inspirent les auteurs belges cette année. Alors que Sandrine Willems s’intéresse à Schubert, Stéphane Malandrin signera Je suis le fils de Beethoven. Auteur d’un premier roman fort et remarqué, Le mangeur de livres (Seuil), l’écrivain et cinéaste raconte cette fois l’histoire d’un vieil homme qui révèle que Ludwig van Beethoven pourrait bien avoir une descendance.
Deuxième roman aussi pour Véronique Gallo. Après Tout ce silence (Desclée de Brouwer, 2012), l’humoriste et comédienne revient avec Pour quand tu seras grande, à paraitre aux éditions Héloïse d’Ormesson. L’histoire est celle d’une femme, mère, épouse et enseignante dépassée, qui doit en outre affronter le suicide de son père, lequel lui a laissé un mystérieux carnet…
Mathilde Alet a débuté aux éditions Luce Wilquin, où elle a publié deux romans (Mon lapin, 2014 ; Petite fantôme, 2016). Son troisième paraitra chez Flammarion. Sexy summer conte l’histoire d’une jeune héroïne, Juliette, électrosensible, qui fuit la ville et trouve à la campagne un confident qui l’aidera à vaincre ses peurs.
Autre transfert notable de cet automne : Alia Cardyn, autrice à succès d’Une vie à t’attendre, Le choix d’une vie et L’envol aux éditions Charleston, passera chez Laffont pour son nouveau roman Mademoiselle Papillon.
La littérature de genre ne sera pas non plus oubliée. Aux éditions La Volte, Luvan publiera Agrapha, roman choral à huit voix, racontant huit femmes dont l’histoire est transmise par un manuscrit du 10e siècle. Avec Le paravent de soie rouge, Paul Couturiau nous emmènera dans la Chine du 18e siècle (Presses de la cité).
À signaler enfin le recueil de nouvelles de Jean Jauniaux à paraitre aux éditions Zellige, L’ivresse des livres, célébration polyphonique de la lecture et de ses plaisirs.
La poésie
Chez les éditeurs français, la rentrée belge sera aussi poétique.
Les éditions L’herbe qui tremble publieront Amour quelque part le nom d’un fleuve, anthologie de poèmes d’Alain Dantinne, publiés de 1979 à 2011, autour du thème du voyage.
Slammeuse, poète et autrice de Vénus poetica, magistral premier roman (L’arbre à paroles), Lisette Lombé publiera un recueil de slam aux éditions L’iconoclaste : Brûler, brûler, brûler.
Le Cherche Midi poursuit la publication posthume des poèmes de Jean-Claude Pirotte, avec un recueil titré Je me transporte partout.
Les éditions du Cadran ligné proposeront un recueil poétique de Serge Nuñez Tolin, L’exercice du silence.
Aux éditions du Cygne, Pierre Warrant publie Le temps de l’arbre.
Les essais
Si la fiction règne sur la rentrée – et sur les grands prix littéraires qui l’accompagnent – plusieurs essais sont aussi programmés.
La rentrée sera même double pour Raoul Vaneigem, qui publie au Cherche Midi La liberté enfin s’éveille au souffle de la vie et aux éditions Mille et une nuits Avertissement aux écoliers et lycéens.
Le collapsologue Gauthier Chapelle revient aux éditions Albin Michel, sans ses complices Pablo Servigne et Raphaël Stevens, avec Le vivant comme modèle : pour un biomimétisme radical.
François Gemenne publie chez Fayard On a tous un ami noir. Pour en finir avec les polémiques stériles sur les migrations.
Les écrits sur l’art seront aussi à l’honneur. L’atelier contemporain publie un recueil d’articles d’un spécialiste du genre, Stéphane Lambert. Alors que son dernier livre portait sur Spilliaert, les articles ici rassemblés évoquent tour à tour Monet, Twombly, Klee, Mondrian… On notera par ailleurs que Flammarion réédite cet automne le Bruegel de Philippe et Françoise Roberts-Jones, paru initialement en 2012.
La toujours singulière collection « D’autre part » des éditions L’herbe qui tremble, dirigée par Thierry Horguelin, accueillera un nouveau livre de Jan Baetens, Comme un rat. Un recueil d’essais qui, à partir de considérations sur des auteurs francophones, évoquent différentes facettes du livre et de la littérature. Particularité : si le livre sortira en version imprimée à la rentrée, il est d’ores et déjà disponible en numérique.
D’André Doms, et toujours aux éditions L’herbe qui tremble, les Topiques pour le monde actuel diront la colère de l’auteur vis-à-vis d’une société qu’il qualifie d’Empire, et les topiques qui guident ses pas.
Aux éditions L’iconoclaste, Pedro Correa publiera Matins clairs : lettre ouverte à tous ceux qui veulent changer de vie, livre dans lequel l’auteur évoque la manière dont un changement de vie s’est imposé à lui, pour fuir « la tyrannie des diktats ».
Enfin, Benoit Peeters renoue avec le genre biographique pour évoquer un disciple hongrois de Freud dans Sándor Ferenczi : l’enfant terrible de la psychanalyse (Flammarion).
Lire aussi : Questions de vie et de biographie (C.I. 193)
La rentrée de la littérature pour la jeunesse
Bien que le phénomène de la rentrée littéraire touche principalement la littérature générale, l’actualité éditoriale en littérature pour la jeunesse est elle aussi foisonnante. Objectif plumes, site ami du Carnet et les Instants, propose un panorama de la rentrée des auteurs et autrices belges en littérature pour la jeunesse.
La rentrée belge avec Le Carnet
Comme chaque année, Le Carnet et les Instants se mettra dès la mi-août à l’heure de la rentrée littéraire. Les recensions, les dernières nouvelles des prix littéraires et toute l’actualité de la rentrée sont à suivre sur notre blog.
Nausicaa Dewez