Un coup de cœur du Carnet
Dominique COSTERMANS, Un conteur hors père, Weyrich, coll. « Plumes du coq », 2025, 136 p., 20 € / ePub : 15,99 €, ISBN : 978-2-87489-985-0
Dominique Costermans aime agrémenter ses titres de jeux de mots, qu’il s’agisse de ceux de ses recueils de nouvelles comme Petites coupures (2014) ou En love mineur (2017), publiés chez Quadrature ou de ses romans, Outre-Mère, réédité chez son nouvel éditeur Weyrich (après des débuts chez Luce Wilquin), et le tout dernier Un conteur hors père. Après avoir déjà abordé le mutisme des adultes et les secrets qui les entourent à travers la figure maternelle dans son premier roman, Dominique Costermans y revient dans celui-ci en abordant cette fois le versant paternel. Cela donne une enquête intime, comme les aime la journaliste qu’elle est, et une descente vertigineuse dans les faux-semblants d’un passé familial, tout en se jouant du lecteur quant à la véracité autofictionnelle du récit. Continuer la lecture



Automne 2021 : Espace Nord sort son 400e numéro, La Fureur de lire fête ses 30 ans. Les comptes ronds incitent à marquer le coup et ce double jubilé ne fait pas exception. Ce n’est donc pas une réédition classique dans la collection patrimoniale qui a hérité, par le hasard de la numérotation, de ces deux zéros sur sa tranche. Et, tant que l’on parle de chiffres, il ne s’agit pas à proprement d’une mais plutôt de vingt-deux rééditions. Vingt-deux !? Dans un seul volume ? Parfaitement ! Vingt-deux nouvelles, échantillon choisi parmi les plus de cent plaquettes éditées dans le cadre de la Fureur de lire. Tâche ardue à n’en pas douter.
Dominique Costermans nous invite à une vraie fête des sens tout en entrouvrant une fenêtre sur son intimité familiale dans ce livre atypique, Les petits plats dans les grands. Il renoue avec un genre que pratiquaient nos grands-mères et arrière-grands-mères. Allègrement, on l’espère pour elles, comme c’est le cas ici.
Alors que l’idéologie néolibérale a programmé la déshumanisation du travail, qu’elle s’y attelle, que la révolution numérique pousse à confondre le travailleur et l’ordinateur, l’humain résiste, existe. Il n’a pas déserté le peuple des laborieux qui prend la parole autant que l’outil dans Le bureau des secrets professionnels. Et tant qu’il parlera, humain il restera.

« Elle qui avait lutté toute une vie pour ne pas être fille d’immigrés, la termina Anna Bielik », Page 69, Jean-François Füeg lâche cette phrase simple et trouble, la nomination initiale la mère reprenait le dessus et Annie allait disparaître…
Dans le champ de la nouvelle, Dominique Costermans lâche de jolis textes comme des petits cailloux sur le chemin de la vie. Les dix-sept récits de son nouveau recueil, En love mineur, récemment paru chez Quadrature, sont autant de moments de prose, de séquences de poésie, d’instantanés romanesques qui fixent du vibrant. Ce vibrato, entre la vie et l’art, qui cristallise ce qu’on appelle « le sel de la vie ». Dans ces récits brefs, l’auteure livre des textes au ras du quotidien et poudroie de poésie la vie dans ses surprises, sa fugacité, ses surgissements, ses étonnantes synchronicités.