Rentrée littéraire 2025 : continuité et renouveau

rentree 2025

Immuable temps fort de l’année éditoriale française, la « rentrée littéraire d’automne » suscite beaucoup d’attention en Belgique aussi.

De la part des libraires et des lecteurs, évidemment, puisque la littérature publiée en France reste, de loin, la plus vendue chez nous. Pour les auteurs et autrices belges publiés en France, cette rentrée est pleinement la leur, et ils se mêleront, comme tous les romanciers hexagonaux, à l’effervescence du moment et notamment à la course aux prix. Les maisons d’édition belges, quant à elles, adoptent vis-à-vis de cette période des attitudes diverses. Certaines en font un moment-phare de leur année. Elles optent alors pour un programme d’ampleur, et des dates de parution qui rejoignent celles des voisins français (fin août), ou sont au contraire plus tardives, pour éviter une concurrence déséquilibrée. D’autres maisons, sans être inactives au cours du deuxième semestre, placent plutôt le centre de gravité de leur année éditoriale à la Foire du livre de Bruxelles, et présentent donc un programme plus léger pour l’automne.

Tour d’horizon des auteurs et autrices belges qui feront la rentrée 2025, en Belgique ou à l’étranger.

N.B. : Le panorama qui suit compile les signalements disponibles sur les bases de données professionnelles du livre et sur les sites internet des éditeurs, et les réponses à nos questions fournies directement par les maisons d’édition. Qu’elles soient ici remerciées pour les renseignements donnés. 

Les romans font leur rentrée

Genre préféré des lecteurs, le roman règne traditionnellement sur la rentrée littéraire. Par rapport aux années précédentes, les auteurs et autrices belges qui feront leur rentrée en France sont assez peu nombreux. Dans les maisons d’édition belges, au contraire, la programmation est plutôt abondante. Les maisons d’édition ont toutefois toutes principalement miser sur des auteurs et autrices confirmés, les premiers romans seront rares cette année. 

Sans chercher à forcer les liens entre des livres qui demeurent des œuvres singulières, émerge néanmoins l’impression d’une certaine convergence thématique. Les écrivains disent la catastrophe, l’effondrement ou la crise, que ce soit dans la société en général ou dans le noyau plus restreint de la famille. Avec des conséquences sur la temporalité choisie. Nombre de livres se situent en effet dans le passé (ou opèrent des va-et-vient entre hier et aujourd’hui), ou au contraire dans l’avenir. Les premiers partent en quête des racines de la crise actuelle, qu’elle soit familiale ou plus vaste, tandis que les seconds imaginent les conséquences des dérèglements présents dans un futur que, significativement, les auteurs imaginent relativement proche (souvent la fin du 21e siècle).

Trio de choc en France

Livres Hebdo tient un décompte précis des livres programmés pour la rentrée littéraire française. Ce nombre, en baisse depuis quelques années, repart à la hausse en 2025 : 484 romans sont attendus, pour « seulement » 459 en 2024. Parmi eux, la revue dénombre 344 livres écrits en français, dont 73 premiers romans.

Cette hausse ne se reflète pas dans le nombre d’auteurs et autrices belges qui feront leur rentrée en France. Une rentrée (très) resserrée, mais un trio d’auteurs qui feront chacun certainement (beaucoup) parler d’eux à l’automne, avec trois histoires qui placent l’histoire familiale en leur centre.

Fidèle à sa maison d’édition de toujours, Amélie Nothomb publie Tant mieux aux éditions Albin Michel. Après Premier sang consacré à l’histoire de son père (prix Renaudot 2021), l’autrice poursuit l’exploration de ses racines familiales avec cette fois un livre centré sur sa mère, récemment décédée.

Antoine Wauters et Caroline Lamarche, à l’inverse, font leur entrée dans une nouvelle maison d’édition. Après plusieurs livres chez Verdier, le premier signe Haute-Folie aux éditions Gallimard, histoire de l’errance d’un personnage en quête des raisons derrière les drames vécus par sa famille : la clé semble se trouver à la Haute-Folie, une ferme qui a joué un rôle dans son histoire. Caroline Lamarche quitte quant à elle Gallimard pour Le Seuil, où elle publie Le bel obscur. Le livre entretisse deux fils narratifs, le présent, dans lequel la narratrice et personnage principal voit sa vie bousculée par la révélation de l’homosexualité de son mari, et le passé, puisque le personnage tente aussi d’élucider les mystères familiaux et notamment la trajectoire d’un ancêtre dont elle ne conserve qu’une photo usée.

Un premier roman

allié là où se forment les montagnes

À côté de ces trois auteurs confirmés, Pauline Allié signera un premier roman aux éditions du Chemin de ferLà où se forment les montagnes

Des romans jusqu’en hiver

Après le bouillonnement de la rentrée, les maisons d’édition françaises reviendront à un rythme moins effréné dès la mi-septembre. Plusieurs écrivains belges sont attendus dans cette période plus sereine, où les sélections pour les grands prix littéraires sont déjà tombées. Dès le 2 octobre, Éric-Emmanuel Schmitt poursuivra sa Traversée des temps avec un cinquième volume, Les deux royaumes, qui emmènera l’immortel Noam à Jérusalem, à la rencontre de Jésus. 

ledoux un accent de vérité

À la même date, Tristan Ledoux délaissera un temps la nouvelle pour présenter le roman Un accent de vérité, programmé aux éditions Le chant des voyelles. Ledoux se livre à un ambitieux travail de mise en abyme en racontant l’histoire d’un narrateur qui a perdu le plan de sa prochaine oeuvre et se lance dans la quête du document perdu, la fiction se confondant petit à petit avec la réalité. 

bergen saint just

Écrivaine toujours extraordinairement prolifique, Véronique Bergen présentera, cette année encore, plusieurs livres de sa plume – en Belgique, en France, et dans des genres différents ! Pour ce qui concerne la fiction, deux ouvrages sont annoncés en novembre, respectivement chez Tinbad et chez Edwarda. Après Jamais en 2017, les éditions Tinbad présenteront Saint-Just, roman, nouvelle illustration de l’intérêt de l’écrivaine pour les personnages historiques auxquels elle redonne la parole, et qu’elle éclaire d’un jour nouveau, comme elle l’a fait récemment avec Moctezuma dans le roman homonyme. Les éditions Edwarda avaient quant à elle publié son livre Premières fois en 2017. L’autrice, qui contribue régulièrement à la revue de la maison d’édition, ajoute un nouveau jalon à cette fructueuse collaboration, avec la sortie de La mémoire des lieux, un parcours mémoriel dans plusieurs lieux emblématiques du Sud de Bruxelles.

Du nouveau dans les littératures de genre

Les littératures de genre – thriller, SF, romance… – constituent l’un des pans les plus actifs et appréciés par le public de la littérature d’aujourd’hui. Elles restent toutefois toujours comme en marge de la rentrée. Ainsi Livres Hebdo ne comptabilise-t-il pas ces livres dans son décompte annuel.

Deux reines du thriller francophone proposeront leur nouveauté à l’automne. Ayant achevé à regret sa série des Folles enquêtes de Magritte et Georgette aux éditions Robert Laffont, l’infatigable Nadine Monfils se lance dans une nouvelle série criminelle cet automne, et passe pour l’occasion chez Verso. Comme la précédente, elle mettra en scène un personnage historique devenu enquêteur pour les besoins de la fiction. Dès le 3 octobre, l’écrivaine dévoilera ainsi le premier tome des Fleurs du crime de Monsieur Baudelaire, intitulé La femme sans tête. Le 6 novembre, Barbara Abel présentera Ici s’arrête le monde, histoire d’une famille forcée de se réfugier dans une cave à la suite d’une catastrophe et placée alors à l’heure des choix.

En 2024, c’est un premier roman, Mythologie du .12 de Célestin de Meeûs, qui avait été, du point de vue belge, le livre le plus en vue de la rentrée. Deux premiers romans programmés plus tard dans la saison relèvent tous deux de la littérature d’anticipation, bien qu’ils soient publiés par des maisons généralistes. Dans Le nouvel équilibre, annoncé le 25 septembre chez Robert Laffont, Amélie Géal nous emmène en 2085, dans les arcanes de l’assemblée planétaire du vivant, où représentants humains et non-humains se côtoient. Le 3 octobre, Ayoh Kré Duchâtelet présentera La grotte aux poissons aveugles chez Rot-Bo-Krik, une histoire située au Congo en 2065, et noue questions religieuses et politiques.

En Belgique : profusion romanesque d’août à décembre

Dans les maisons d’édition belges aussi, le roman sera à la fête en ce deuxième semestre, avec des propositions nombreuses, qui combleront les lecteurs et lectrices aux gouts les plus divers.

Les éditions M.E.O. se signalent par la programmation la plus vaste, avec au moins un roman prévu chaque mois entre aout et décembre. Elles lanceront leur rentrée dès le 21 aout, avec trois livres. Après le recueil poétique En apnée sous ma banquise (Abrapalabra) paru au printemps, l’écrivain et éditeur Claude Donnay présente son sixième roman. La dame de la Combe raconte l’histoire d’un fils venu retrouver sa mère mourante, un peu sorcière, un peu guérisseuse, qui vit retirée au fond des bois. Enfant rejeté, il voudrait percer le secret de la froideur de sa mère, et celui du mal qui ronge le village. Comme Claude Donnay, Ralph Vendôme est un habitué des éditions M.E.O., qui avaient publié son recueil de nouvelles Dans quel monde on vit. Cette année, c’est un roman, son premier, que dévoile Ralph Vendôme. Dans la tête d’Elton Munk suit le voyage intérieur d’Elton Munk, l’un des hommes les plus puissants du monde, maitre des technologies nouvelles, qui se rend chez le psychiatre pour tenter de se comprendre. Avec beaucoup d’humour et un sens de l’anticipation (le livre a été écrit avant la campagne présidentielle victorieuse de Donald Trump), Ralph Vendôme évoque une figure aussi inquiétante et qu’emblématique du monde d’aujourd’hui. Journaliste bien connu, Jean-Pol Hecq est entré en littérature en 2015 avec la parution de son roman Georges et les dragons aux éditions Luce Wilquin. Suivront encore un roman en 2017 (Tea time à New Delhi, Luce Wilquin) et un recueil de nouvelles en 2022 (Mother India, Genèse édition). Il fera son retour en aout avec un troisième roman et un nouvel éditeur. L’armée des loups se passe en 2035, alors que la découverte d’un loup aux abords d’un petit village déclenche des réactions diverses : faut-il tuer l’animal ? faut-il créer un parc d’attractions animalier ? Pendant que le village s’interroge, un mystérieux centre d’essais militaire s’installe à proximité.

kaquet mon corps fendu

Les éditions Bozon2x feront elles aussi leur rentrée dès le 21 aout avec un roman posthume de Brigitte Kaquet (1952-2024). L’autrice avait déjà publié Sarandra chez le même éditeur. Elle est l’une des fondatrices du Cirque Divers, haut-lieu liégeois de la contre-culture, qu’elle raconte dans Mon corps fendu, mêlant fiction et personnalités réelles, dans une histoire d’amitié et d’audace.

brandes cote rue cote jardin

Les éditions Accro annoncent un roman de Philippe Brandes, Côté rue, côté jardin : une enfance anversoise, récit de l’enfance et de l’adolescence d’un garçon élevé en français à Anvers, entre un père psychiatre et catholique et une mère juive, traumatisée par la guerre.

debrocq nos utopies

Aliénor Debrocq fera elle aussi sa rentrée dès 21 aout, aux éditions CFC. Nos utopies est une fiction bâtie à partir de travaux d’étudiants sur les utopies urbaines. En toile de fond : la gentrification, le réchauffement climatique, et le rôle de l’architecture face à ces défis.  

coljon sijou

Septembre sera lui aussi riche en parutions. Journaliste musical bien connu, Thierry Coljon est également romancier. Son nouvel opus, Sijou, est annoncé aux éditions Lamiroy pour le 1er septembre. Histoire de Pierre et Michèle dite Sijou, nés dans les années 1950 à six jours d’intervalle, le livre raconte comment la vie va séparer ceux qui ne se quittaient pas dans leur enfance.

soil l'année nonante

À la mi-septembre, il sera beaucoup question d’Europe de l’Est avec la sortie de L’année nonante de Daniel Soil aux éditions M.E.O. L’auteur, fidèle de la maison (Petite plaisance, L’avenue, la kasbah, Agdez, dernière page), mêle ici l’histoire personnelle de son personnage principal avec de grands événements de l’année nonante : la libération de la Tchécoslovaquie du joug communiste et l’éclatement de la Yougoslavie. 

Loin de ces turpitudes, Edith Soonckindt nous convie quant à elle, dès le 20 septembre, à un voyage initiatique et merveilleux avec Les sept clés du Royaume des pluies, à paraitre chez Maelström reEvolution. Il sera question ici notamment d’une contrée dévastée, le Royaume des pluies, d’épreuves, de monstres repoussants, et de rats géants, rassemblés dans un conte onirique et poétique.

lefebvre rapsaet a fleur de mémoire

En septembre toujours, les éditions du Cerisier publieront un récit de Marianne Lefebvre-Raepsaet, À fleur de mémoires, qui tente de reconstruire le parcours d’une femme, déportée à Ravensbrück.

Relancées depuis le printemps 2025, les éditions Onlit renouent avec une ligne éditoriale dédiée à la fiction et aux écritures contemporaines. Deux romans sont annoncés pour le 24 septembre, tous deux signés par des autrices maison. Véronique Bergen, tout d’abord, que l’on verra à de nombreuses reprises en cette rentrée. Elle qui a déjà publié chez Onlit Tous doivent être sauvés ou aucun, Guérilla, Icône H. Hélène de Troie, et Écume, livrera cette année Le collectionneur. Comme pour Marianne Lefebvre-Raepsaet, il sera aussi question de la Deuxième guerre mondiale, et plus particulièrement de la spoliation par les nazis des biens et œuvres d’art appartenant aux Juifs. Autre habituée des éditions Onlit où elle avait notamment publié Cent jours sans Lily, Aliénor Debrocq y publiera cette année Slash, dans lequel elle nous invite à suivre le parcours d’une femme, de l’enfance à l’âge adulte, entre affirmation de soi et violence subie. 

outers le commencement l'éternité

Avec une ligne éditoriale qui fait la part belle aux essais, Les Impressions nouvelles publient des romans avec parcimonie – c’était Nos vendredis de Nathalie Marquès à la rentrée dernière, ou, l’année précédente, Ça brille encore de Bénédicte Lotoko et Mon nom ne vous dira rien de Jean-Luc Outers. Ce dernier revient le 3 octobre avec Le commencement, l’éternité. Entre souvenirs personnels de l’auteur et méditation sur l’enfance et la vieillesse, ce récit suit les pas d’un narrateur qui se remémore son enfance, et cette maison où vivaient ensemble ses frères et sœurs, ses cousins et ses cousines, nés de deux sœurs jumelles inséparables.

Le 7 octobre, deux auteurs entreront officiellement au catalogue des éditions M.E.O. Julien Léonard présentera Thomas J. Willson, ses filles, son fils, et la fin des temps, histoire d’un père veuf et de ses trois enfants soudain confrontés à une pénurie de Choco pops au supermarché, puis à des scènes d’apocalypse dans les rues, et qui, sous la conduite de la fille cadette, se lancent dans un road-movie avec l’espoir de se sauver de cette situation. Ancien recteur de l’Unamur, Naji Habra signe Chadi est perdu : sept scouts qui ont fui Damas se retrouvent, adultes, dans la baie de Naples. Ils évoquent leur passé commun, mais aussi Chadi, l’un des leurs qui s’est opposé à la dictature syrienne et dont ils ont perdu la trace.

Il sera aussi question d’Orient et d’exil dans Le parfum du safran, co-signé par Michel Claise et Amerian Ali, à paraitre le 17 octobre chez Genèse édition. L’histoire est celle d’un couple belgo-iranien bien intégré, dont la vie bascule lorsqu’il apprend la mort de Mahsa Amini, battue à mort par la police des mœurs à Téhéran. Dès ce moment, Reza et Neda se lancent dans de nombreuses actions de soutien au peuple iranien, se heurtant souvent à l’indifférence des autorités européennes. Tout autre atmosphère pour Retour à la vie risquée de Dominique Van Cotthem. Après Adèle, Réparer nos silences et Les eaux assassines, l’autrice poursuit son compagnonnage avec Genèse pour un roman qui raconte l’histoire d’un homme et une femme, lui sortant de prison, elle qui vient de perdre son mari et sa sœur et va renoncer à l’héritage. Ils se rencontrent par hasard dans un train et se sentent immédiatement attachés l’un à l’autre, malgré leurs profondes blessures.

Violaine Lison est l’autrice de deux livres remarqués, tous deux parus aux éditions Esperluète, Ce soir on dort dans les arbres et Vous étiez ma maison, à la frontière entre la poésie et le conte.  Elle reste fidèle à la maison d’édition de Noville-sur-Mehaigne pour son troisième opus, Lequel de nous portera l’autre ?, à paraitre le 17 octobre. Elle y évoque les carnets d’un brancardier mobilisé pendant la Première guerre mondiale, Léonce Delaunoy, la beauté de l’écriture du jeune homme, son évocation de la nature, et entretisse ces carnets avec son enquête pour retrouver les morceaux manquants de la vie de Léonce. Elle découvre ainsi que ces cahiers intimes ont été recopiés et expurgés par un ami pour y gommer à la fois les passages dénonçant l’absurdité de la guerre et la relation amoureuse du brancardier avec un jeune homme. Le livre est ainsi à la fois l’histoire de Léonce et celle de l’enquête de Violaine Lison à son propos.

meganck van kroetsch 5

À la même période, aux éditions Lamiroy, Marc Meganck poursuivra sa série policière Van Kroetsch, avec un cinquième tome, La fille du rooftop 58, toujours solidement ancré dans son cadre bruxellois. Le livre sera présenté à l’occasion d’un gala célébrant les 20 ans d’écriture de l’auteur. Après le Bruxelles de Marc Meganck, les amateurs de suspense découvriront le Liège d’Alexandre Lollo. Son thriller, À l’épreuve du vice, est annoncé en novembre aux éditions Empaj.

Mi-octobre, les éditions Samsa proposeront trois romans qui allient histoire et dépaysement. Avec La quête de Juliàn, Gilbert Jourdan nous emmène en Amérique du Sud à la suite d’un mystérieux Belge qui débarque, cherchant manifestement quelque chose de précis. Quelques mois après Venise n’expose qu’elle-même, Yves-William Delzenne revient avec Les amis sont des bêtes ordinaires. On quitte cette fois la Sérénissime pour Dunkerque, mais il y sera à nouveau question d’art, et plus particulièrement d’un tableau de Guido Reni. Michel Rosten signe L’univers de Maxime Serebrakian ou les tribulations de trois pachas (1869 – 1922) : du 19e siècle à la Première guerre mondiale, on suit avec l’auteur le destin d’un pianiste d’origine arménienne, entre la Russie, l’Empire ottoman, la Belgique et les États-Unis, dans un monde à feu et à sang.

Après son premier roman Sally paru en 2021, Nathanaëlle Pirard poursuit sa route avec les éditions Murmure des soirs pour Loin d’Eden, à paraitre le 30 octobre. Une vieille dame croise le fantôme de l’une de ses amies d’enfance. Elle lui confie un secret issu de son passé, qui devrait l’aider à affronter sa propre existence.

guilbau papy en cavale

La rentrée des éditions Lilys sera romanesque elle aussi, avec Papy en cavale, signé par Brigitte Guilbau (déjà autrice dans la même maison de Jörg Oeuil et Le prématuré qui voulait naître sous le signe du scorpion et tutoyer les étoiles), histoire d’un attachant octogénaire qui décide de fuir la maison de retraite en quête de souvenirs et de sensations.

marichal les duppont ne courent pas les rues

Le 6 novembre, les éditions M.E.O. présenteront un premier roman, celui d’Alain Marichal, Les Duppont ne courent pas les rues. Qualifié de « romanouvelles » par l’éditeur, il suit un journaliste dans les années 1970, qui récolte des tranches de vie de gens ordinaires. Journalisme d’un autre genre aux éditions du Cerisier. La maison présentera un récit de Jean-Marie Chauvier, Rosine, le parti et moi. L’auteur revient sur sa collaboration, initiée dans les années 1960, avec Rosine Lewin, rédactrice en chef du Drapeau rouge alors que l’écrivain en était le correspondant permanent à Moscou.

Les éditions M.E.O. publieront encore deux romans le 9 décembre. Luce Caron signe avec Comme un 25 décembre un ouvrage de saison, dans lequel elle imagine une réunion de famille pour Noël, et des invitées – trois sœurs que leur père cherche à rassembler – aux parcours de vie bien différents, qui n’ont pas vraiment envie de se voir. Contexte scolaire pour Martine Roland et son Pomme de rainette et pomme d’api. Camille, élève sage, est fascinée par le nouvel élève de la classe, un marginal à l’histoire familiale chaotique et aux relations troubles.

Les nouvelles, des valeurs sûres

Genre considéré comme « de niche », la nouvelle connait une vivacité éditoriale qui ne se dément pas en Belgique francophone. Entre nouvelles initiatives et confirmations, l’automne sera encore en fictions courtes.

collectif les bonnes révolutions

Les maisons qui défendent habituellement le genre seront évidemment au rendez-vous de cette rentrée. Ainsi, les éditions Ker proposeront avec Les bonnes révolutions (à paraitre le 12 septembre) un recueil collectif, dans la lignée de L’heure du leurre ou des Bâtisseurs. Signés par Nicolas Ancion, Frank Andriat, Florence Aubry, Fabienne Blanchut, Geneviève Damas, Patrick Delperdange, Vincent Engel, Armel Job, Grégoire Polet, Omar Radi, Ingrid Thobois et Jean-Christophe Tixier, les textes qui composent l’ouvrage explorent ce moment où l’on choisit de s’impliquer, de ne plus rester simple spectateur de l’injustice. Chaque texte évoque une facette de l’engagement.

Belgiques, la collection emblématique des éditions Ker, s’enrichira en octobre de cinq nouveaux volumes. Chaque auteur ou autrice est invité à livrer, par le biais d’un recueil de nouvelles, son image personnelle et mosaïque de la Belgique. Après Comment (et pourquoi) j’ai mangé mon amant aux éditions Onlit et C’est reparti ! à la Pierre d’alun (cosigné avec Kikie Crêvecoeur) parus en 2023, Pascale Fonteneau confirme son retour sur la scène littéraire. Son Belgiques propose un portrait humoristique de Bruxelles. Kenan Görgün tire quant à lui le thème imposé de la collection vers le domaine de la dystopie, tandis que Corine Jamar s’attache à la vie quotidienne de la bourgeoisie belge. Jocelyne Desseille opte pour la palette de l’humour et de la tendresse. Alexandre Millon, enfin, situe ses nouvelles en Wallonie et jette sur la Belgique un regard empreint de poésie et d’humour.

L’automne sera d’ailleurs fortement marqué par la nouvelle pour Alexandre Millon. À côté de son Belgiques, il publiera en effet Bérose et moi aux éditions Murmure des soirs, dans la collection « Brèves du soir », dédiée aux textes courts. L’écrivain est un habitué de la maison, où il a déjà fait paraitre plusieurs livres, dont le recueil de nouvelles Les heures claires. Annoncé le 30 octobre, Bérose et moi voisinera avec une autre nouveauté de la même collection : Une quinte de toux de Béatrice Libert.

Les éditions Quadrature fêteront leur vingtième année d’existence cet automne. Vingt années au cours desquelles la maison s’est érigée comme une référence francophone dans le domaine de la nouvelle. Deux nouveaux livres d’auteurs belges sont au programme de cette rentrée. Prévu en novembre, Pas si seul est le premier recueil de nouvelles de Pierre-Yves Bolus, composé de vingt-trois textes où les malentendus voisinent avec les moments de solitude. Auteur en 2022 du plébiscité Le père que tu n’auras pas, Luc Leens reviendra en décembre 2025 avec Sac de nœuds, un recueil dont les textes racontent des personnages tour à tour confrontés à l’absurde, au sublime, à la tendresse, à la violence – à tous ces ingrédients qui font le quotidien.

Très actives elles aussi dans le domaine de la nouvelle, les éditions Lamiroy se distinguent par leur affranchissement du format recueil, qui prévaut dans le domaine de la nouvelle. Les (petits) volumes des collections « Opuscules » et « Crépuscules » ne comportent ainsi qu’un seul texte bref. L’éditeur propose en outre une formule d’abonnement. Récemment, la maison a initié une autre série de textes courts, Cette année-là. Chaque auteur écrit une nouvelle qui se passe l’année de sa naissance. Plusieurs tomes de la collection sont attendus en septembre. Sérialité aussi avec Thierry Coljon remet le couvert. L’écrivain et journaliste ne publiera pas seulement le roman Sijou en cette rentrée : de septembre à décembre, il publiera aussi une série d’entretiens imaginaires. Sur les bases des entretiens et déclarations de différents artistes, l’écrivain recrée un dialogue avec eux.

Outre ces maisons qui accordent une place de choix sinon exclusive à la nouvelle, d’autres qui la pratiquent plus occasionnellement seront aussi présentes en cette rentrée.

La fiction courte se déclinera ainsi dans le domaine du conte avec Septentrion d’Anton Kouzemin, annoncé pour fin septembre aux éditions Aux Palais outre-ponts. Aux éditions Esperluète, Myriam Mallié avait, dans Le cercueil de verre, procédé à une relecture-réécriture d’un conte de Grimm. Avec Un château, le silence, attendu le 7 novembre toujours chez Esperluète, l’autrice se propose de « conter d’une voix féministe un récit aux protagonistes masculins » et d’interroger la place des femmes dans l’univers des contes.

L’automne en poésie

Pour la 5ème année consécutive, maisons d’édition, auteurs et lecteurs de poésie se donneront rendez-vous en septembre (du 19 au 21) pour le Poetik Bazar. Cet événement fédérateur détermine pour partie le calendrier des parutions poétiques du deuxième semestre.

Les éditions Abrapalabra lanceront la saison poétique avec trois recueils prévus le 26 août – preuve qu’elles n’ont rien perdu du dynamisme de l’Arbre à paroles en en abandonnant le nom. À vous je dois mon ciel plus bleu d’Aurélien Dony rassemble les poèmes écrits dans le cadre du festival Voix vives 2024 dont l’auteur était l’un des invités. Directeur de la Maison de la poésie d’Amay, en charge des éditions Abrapalabra et maelstrÖm reEvolution, David Giannoni est aussi poète et présentera un nouveau recueil, Du geste je garde la mémoire. Laurence Vielle complétera le trio de la rentrée avec Les vies de Jésus, un recueil où elle imagine Jésus en voisin, en poète, en être aux mille visages qui nous fait réfléchir à notre propre existence. Il s’agira du premier recueil individuel de Laurence Vielle aux éditions Abrapalabra, après des participations à plusieurs entreprises collectives de la maison, comme Belgium Bordelio.

thérapoetiques s'ancrer

MaelstrÖm reEvolution s’avance groupé en cette rentrée avec S’ancrer, par le collectif Thérapoétiques. Quarante-quatre voix poétiques s’unissent pour ce volume inaugural de la collection « ThéraPoésie », qui proposera des recueils collectifs dont les voix soignent par les mots.  

Le Coudrier prévoit deux recueils à la mi-septembre, par deux auteurs habitués de la maison : Venir à soi de Pascal Feyaerts et Verso de l’ombre de Philippe Colmant. Ces poètes seront rejoints en décembre par Tristan Sautier, qui publiera le recueil Miroyances.

cholz trois pour cent sauvage

Après Pipeline (Le seuil) qui lui a valu une nomination pour le Rossel et le prix Senghor du premier roman, Rachel M. Cholz revient aux éditions La lettre volée, qui avaient publié son premier livre, No ou le pactole. Trois pour cent sauvages est un monologue poétique tiré d’un texte conçu pour la scène. L’autrice raconte la vie ordinaire en rapportant tout au calcul, aux pourcentages et tente de trouver dans ces chiffres mêmes la poésie. Parution le 17 octobre.

Vincent Tholomé sera de retour en librairie avec L’existence, à paraitre aux éditions Dernier télégramme. Né de textes découverts lors d’une URBEX, ce livre dit la joie et le chaos de l’existence.

D’autres parutions automnales nous ont été annoncées sans date précise. Les éditions Bleu d’encre ajouteront quatre nouveaux recueils poétiques à leur catalogue. Après Là où s’étreignent les silences chez le même éditeur, Anne-Marielle Wilwerth présentera La haute couture de l’infime. Suzy Cohen revient aux éditions Bleu d’encre avec Nous sommes l’algorithme du vent, et Maarten Embrechts, dont Les mots qu’il faut avait paru en 2023, signe cet automne Le non avenu. Ces trois habitués seront accompagnés de Christian Libens. Auteur ces dernières années de romans (Les seins des saintes, Quelques années leurs poussières, Weyrich) et nouvelles (Sève de femmes, Weyrich), l’écrivain n’avait plus publié de poésie depuis Cinéma, paru à La Dérive en 1991. Il revient au genre cette année avec le recueil Les arbres marchent.

Les éditions L’arbre de Diane publieront deux livres de poésie. Membre du collectif L-Slam, Raïssa Yowali a participé aux ouvrages collectifs On ne s’excuse de rien II et (Grands-)mères en lumière. Elle présentera cette année son premier livre, intitulé Les mille soleils de Busu Jano, un voyage entre Afrique et Europe, de Kinshasa à Bruxelles. La maison d’édition publiera une autre première œuvre, celle d’Héloïse Husquinet, Couler le soleil contre ma joue.

brogniet le nuage et la riviere

L’essayiste, poète et académicien Éric Brogniet publiera un nouveau recueil poétique au Taillis Pré, Le nuage et la rivière.

Théâtre à lire

L’arrivée de l’automne s’accompagne du retour des spectateurs dans les salles de théâtre. Mais le théâtre à lire fera lui aussi sa rentrée, avec plusieurs publications programmées dans les maisons d’édition dédiées à ce genre littéraire exigeant.

Référence en la matière, les éditions Lansman annoncent une rentrée où quelques-uns de leurs auteurs et autrices-phares seront présents. À commencer par Daniela Ginevro, dont À l’ombre des marées sortira en aout. En octobre, Céline Delbecq, récente lauréate de l’Espiègle de littérature dramatique pour À cheval sur le dos des oiseaux, co-signera Le silence avec Claire Lagrange. En novembre, deux autres grands noms de la maison présenteront leur nouvelle pièce : Stanislas Cotton pour Léopoldine et Alex Lorette pour Au travers de la gorge. En octobre (sous réserve), la comédienne et marionnettiste Anaïs Pellin publiera aussi sa première pièce, La Befana, avec des illustrations de Caterine Pellin.

Contrairement aux éditions Lansman, les éditions du Cerisier sont une maison généraliste, dont le catalogue comporte des romans, des recueils de nouvelles et des essais. Dans le domaine du théâtre, cet éditeur défend avec constance le théâtre-action et publiera deux nouvelles pièces en octobre, deux projets du Théâtre de la Renaissance : Pacénous et Mou du ventre de Jean Vangeebergen.

jauniaux le livre volé

Jusqu’ici éditeur de romans et de récits de vie, Le lion z’ailé lancera dès septembre une collection de théâtre. Le premier volume annoncé est Le livre volé et autres monologues de Jean Jauniaux

Des essais pour comprendre le monde

Les essais forment traditionnellement une part importante des publications d’automne, offrant au lecteur une matière à réflexion dans des sujets variés.

Écrivains et artistes en analyse

dellisse le temps de l'écrivain

La littérature, les écrivains et les arts seront au cœur de plusieurs livres cet automne. Polygraphe, Luc Dellisse est l’auteur de recueils de nouvelles, de romans et d’essais. Avec Le temps de l’écrivain, à paraitre le 2 septembre aux Impressions nouvelles, il livre une méditation sur le métier d’écrivain à une époque et dans un monde où la littérature va mal. Il poursuit ainsi une réflexion entamée dans Un sang d’écrivain (La lettre volée, 2020).

Si Luc Dellisse s’intéresse à l’écrivain en général, d’autres essayistes se sont au contraire penchés sur certains auteurs en particulier. La collection « L’article » des éditions Lamiroy propose ainsi chaque mois une brève analyse d’un auteur ou une autrice. La livraison de septembre, intitulée Marc Meganck… et les autres et signée Aurélie Russanowska, met en avant l’historien et écrivain, auteur entre autres de la série policière Van Kroetsch. En octobre, François Crunelle traitera de l’auteur des Trois mousquetaires dans Alexandre Dumas, chasseur de têtes.

Les éditions de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique contribueront largement à la connaissance des écrivains belges avec la parution, en septembre, d’un livre de Christine Bini consacré à l’œuvre de l’un des membres de l’Académie : L’envol et le sillon. L’œuvre romanesque de Jean Claude Bologne. Fin novembre paraitra Écrivains de Wallonie, actes du colloque du même nom organisé en avril. Il y est notamment question d’Hubert Krains, de Constant Malva, de Jean Tousseul ou encore de Louis Piérard. Les contributions sont dues à Michèle Baron, Éric Brogniet, Daniel Charneux, José Fontaine, Jean Jauniaux, Marc Lamboray, Richard Miller et Jacques Vandenbroucke.

Bien que plusieurs de ses romans soient attendus cet automne, Véronique Bergen ne délaisse pas pour autant l’essai. Après Karl Lagerfeld et Alexander McQueen, elle poursuit son exploration de l’art des grands couturiers pour la collection de beaux-livres publiée par EPA. Ce sera cette fois Vivienne Westwood et Jean-Paul Gaultier.

La biographie d’un explorateur…

verlinden le pionnier de l'antarctique

Dédiées aux voyages et à la connaissance des terres lointaines, les éditions Nevicata publieront en novembre la biographie d’une figure marquante de l’histoire de Belgique : Adrien de Gerlache, qui a mené une expédition exploratoire en Antarctique en 1897 et dont le navire, le Belgica, a été pris dans les glaces. Avec Adrien de Gerlache, pionnier de l’Antarctique, Jozef Verlinden signe la première biographie du grand explorateur, mondialement célèbre en son temps pour avoir survécu, avec son équipage, au terrible hiver antarctique. Le livre s’attache aussi aux autres facettes d’un personnage hors norme : le promoteur des sciences, l’écrivain talentueux (Quinze mois dans l’Antarctique, le récit de son aventure polaire, a été réédité dans la collection « Espace Nord »), le commissaire et directeur de diverses compagnies maritimes, le diplomate, l’homme politique et le patriote.

… et celle d’un écrivain

collard klaus

Gilles Collard s’intéressera quant à lui à la vie antifasciste de l’écrivain allemand Klaus Mann, dans Klaus, à paraitre le 10 septembre aux éditions Climats. Une biographie qui évoque à la fois l’oeuvre du fils de Thomas Mann et son combat contre le nazisme. 

Manières d’habiter le monde

À la rentrée 2021, Jeremie Brugidou avait fait forte impression avec son premier roman, Ici, la Béringie paru aux éditions de l’Ogre. Il y laissait déjà apparaitre quelques-uns des points essentiels de son imaginaire et de son travail : les glaces, la cohabitation entre les différentes formes de vivant, et la bioluminescence. Il fera sa rentrée chez le même éditeur, mais cette fois dans le genre de l’essai avec Bestiaire de lumière : vers une anthropologie de la bioluminescence, à paraitre le 22 aout. Un livre dans lequel il invite à repenser la place que prend l’humain dans le monde.

ringlet des rites pour la vie

Prêtre, écrivain et académicien, Gabriel Ringlet publie la plupart de ses essais aux éditions Albin Michel. Il y livre une réflexion sur le monde d’aujourd’hui alimentée par sa pratique liturgique, sa connaissance des textes bibliques et les relations qu’il a nouées tout au long de son existence. Albin Michel annonce la parution de son nouveau livre, Des rites pour la vie : célébrer tous les passages de l’existence, les douleurs comme les joies le 27 aout. L’auteur y développe sa conviction absolue de la nécessité de rites pour les moments de « passage », joyeux ou non, et que l’on soit croyant ou non.

hardy travail social et éthique des droits humains

En septembre, les éditions du Cerisier présenteront un essai de Joffroy Hardy, Travail social et éthique des droits humains, dans lequel l’auteur propose de refonder les organisations à finalité sociale à la lumière de la Déclaration universelle des droits humains et des principes de la démocratie.

Questions d’actualité

Le 12 septembre, les éditions Ker proposeront un manuel élaboré par Virginie Tyou, visant à répondre à la nécessité de penser le rapport des enfants au numérique. Éduquer au numérique par les émotions et la perception est destiné aux parents et aux enseignants, et propose des ateliers pratiques où interviennent les émotions et les expériences partagées, pour amener les enfants à élaborer des choix conscients dans leur pratique numérique.

khader palestine un silence assourdissant

C’est à un autre sujet d’actualité que s’intéressera Bichara Khader dans son essai Palestine. Un silence assourdissant, à paraitre chez Samsa le 16 octobre. L’intellectuel et essayiste, spécialiste du monde arabe, livre ici une réflexion sur l’histoire du peuple palestinien, et sur la responsabilité de l’Europe dans la situation au Proche-Orient, qui a débouché sur les événements du 7 octobre 2023.

collectif actualité de marcel hicter 2

Toujours engagées, les éditions du Cerisier publieront, respectivement en septembre et décembre, les 2ème et 3ème volumes de Pour une démocratie culturelle. Actualité(s) de Marcel Hicter. Les auteurs y insistent sur la nécessité d’une éducation politique pour lutter contre la montée des fascismes et s’interrogent sur le conditionnement des esprits et ses conséquence aujourd’hui.

Avec la première édition en franças de Pourquoi la critique est-elle à court de carburant ? de Bruno Latour (dans une traduction de Déborah Brosteaux et Renaud-Selim Sanli), introduite par Didier Debaise et commentée par Alice Mortiaux, les éditions Météores traduisent elles aussi une inquiétude vis-à-vis des forces réactionnaires à l’œuvre aujourd’hui, qui se réclament de la post-vérité. Le livre montre l’impasse de la critique qui à force de déconstruire, aboutit à un scepticisme généralisé et à une méfiance vis-à-vis des faits eux-mêmes. Loin de se cantonner à ce constat, l’essai propose des chemins pour sortir la démarche critique de l’impasse.

Intime et universel

somville humoresques

On se souvient du Journal de la peste de Pierre Somville (Taillis Pré) dans lequel l’auteur commentait les journées sombres du confinement. Il revient à la rentrée, toujours sur le mode des réflexions intimes et personnelles avec Humoresques. Humeurs, aigreurs et signatures, à paraitre chez Samsa. L’écrivain dévoile ses agacements, les travers du monde d’aujourd’hui avec toujours un maitre-mot : la bienveillance.

De l’intime à l’universel aussi avec le Journal de Marie Uguay, à paraitre aux éditions L’arbre de Diane.

Philippe Boxho est toujours là

boxho la mort c'est ma vie

Avec des ouvrages qui relatent et analysent les affaires les plus saillantes de sa carrière de médecin légiste, Philippe Boxho est devenu un best-seller en Belgique et en France. Fidèle à sa maison d’édition Kennes, il publiera le 4ème tome de ses aventures médico-légales le 27 aout. Après Les morts ont la parole, Entretien avec un cadavre, et La mort en face, il présentera cette fois La mort, c’est ma vie, où il applique en outre ses méthodes d’analyse à l’étude du linceul de Turin.

vaquera maniguidance

Comme Philippe Boxho, Carlos Vaquera s’inspire lui aussi de sa pratique professionnelle pour son nouveau livre, Maniguidance. Art d’influencer ses semblables par des techniques d’illusionnisme et de mentalisme (Lamiroy, 1er septembre). Prestidigitateur et mentaliste, il se propose dans cet ouvrage de transmettre à ses lecteurs et lectrices quelques-uns de ses trucs pour aiguiser leur pouvoir d’influence sur les autres.

Texte et image en dialogue

Quelques ouvrages se distinguent par le dialogue qu’ils initient entre texte et image.

wuidar normographes

La cohabitation entre mots et images est au cœur de la ligne éditoriale de La Pierre d’alun, et singulièrement de la collection de petits formats à spirale « La petite pierre ». Le volume programmé pour le mois d’aout ne dérogera pas à cette règle. Le peintre Léon Wuidar signe les textes de Normographes, des réflexions brèves, tandis que les images sont confiées à Jonathan Steelandt.

Skivée Je trace

Laurence Skivée est à la fois écrivaine et plasticienne. La lettre volée a publié l’essentiel de son œuvre littéraire, dont les derniers ouvrages en date os cuillère et Détentrice. Je trace, à paraitre le 12 septembre, rassemble ses dessins d’animaux, souvent réalisés d’un simple trait, et les prolonge de textes brefs, de quelques mots. Dialogue entre texte et image, le livre est aussi un échange entre le monde de l’enfance, celui de ces dessins, et le monde de l’adulte, celui des mots.

En septembre également, l’Âne qui butine publiera trois livres pour lancer sa nouvelle collection, « Amphisbène ». Une nouvelle série au cahier des charges très précis : des livres écrits et illustrés à quatre mains, reliés à la main et numérotés, comportant 7 illustrations en quadri réalisées en cadavre exquis, une couverture calligraphiée par les auteurs et une quatrième de couverture rédigée par eux-mêmes et commençant par le mot « ça ». Dans chaque volume se trouve en outre une recette de cuisine. Les trois duos qui lancent le concept sont Christoph Bruneel et David Besschops avec En quête du P, Christoph Bruneel et José Vandenbroucke avec NU & Continu et Anne Letoré et Françoise Lison-Leroy avec Collections après usages.

donjean souvenirs ardents

Les éditions Bozon2x préparent une rentrée résolument liégeoise. Le roman de Brigitte Kaquet sur le Cirque Divers sera en effet rejoint sur les tables des libraires par Souvenirs ardents. Un regard sur la ville de Liège de Jacques Donjean, un ouvrage composé à la fois des photographies de l’auteur et de textes personnels, ainsi que de citations. Le photographe et réalisateur cherche ainsi à cerner le mystère de Liège, une ville qui échappe toujours, même à ceux qui la connaissent bien.

plissart droits de regard

Enfin, Les Impressions nouvelles rééditeront Droit de regards, un audacieux et novateur roman-photo de Marie-Françoise Plissart, initialement publié aux éditions de Minuit en 1985, et assorti d’une substantielle postface de Jacques Derrida.

Une littérature patrimonialisée

Espace Nord poursuit son travail de patrimonialisation de la littérature belge d’hier et d’aujourd’hui. Quatre volumes sont programmés au deuxième semestre, en deux salves. Le 2 septembre, lectrices et lecteurs (re)découvriront Baigneuse nue sur un rocher d’Armel Job. Un roman qui s’offre comme la quintessence de l’œuvre de l’auteur et académicien : le scandale éclate quand des villageois découvrent que l’une des leurs a posé nue pour un tableau peint par un artiste juif et ancien résistant. Les prudes réactions suscitées par la nudité dans le tableau cachent en réalité des rancœurs, secrets et rivalités qui remontent à l’Occupation. Cette réédition s’accompagne d’une nouvelle postface. Le roman d’Armel Job voisinera en librairie avec J’arrive à la mer et autres textes, un volume qui rassemble trois recueils poétiques de Karel Logist : J’arrive à la merForces d’inertie et Le sens de la visite. Le recueil, qui aborde avec tendresse des thématiques universelles telles que le passage du temps, la solitude et la douleur, renforce la présence de Karel Logist dans la collection patrimoniale, après Dés d’enfance et autres textes.

Deux autres livres sont annoncés le 3 octobre. Un classique de la poésie symboliste, tout d’abord, avec La chanson de la rue Saint-Paul de Max Elskamp (1862-1931). Et, ensuite, l’étonnant Capitaine vampire de Marie Nizet (1859-1922), roman fantastique qui pose un jalon essentiel mais méconnu dans la construction littéraire du personnage de Dracula. Capitaine vampire se passe en Roumanie, pendant la guerre d’indépendance. Un officier russe, surnommé le « capitaine vampire », teint livide et regard spectral, pétrifie d’effroi ceux qui le croisent. Des histoires – mythe ou réalité? – circulent à son propos. On raconte notamment qu’il se nourrit du sang des morts du champ de bataille.

Outre des essais sur les écrivaines et écrivains belges, les éditions de l’Académie réalisent elles aussi un travail de publication patrimoniale. Elles présenteront ainsi fin novembre Les poètes de la rue Ducale, anthologie poétique des académiciens et académiciennes depuis la fondation de l’institution en 1920. Le choix des textes est élaboré par le Secrétaire perpétuel Yves Namur, par ailleurs rompu à l’exercice anthologique, lui qui a entre autres composé les anthologies Le siècle des femmes avec Liliane Wouters, Poètes aujourd’hui également avec Liliane Wouters, La nouvelle poésie française de Belgique ou encore Les poètes du Taillis Pré.

La collection « Ha » des éditions du Taillis Pré a elle aussi vocation patrimoniale. Elle donne à lire des poètes et poétesses belges dont l’œuvre est importante mais peu connue. Elle a par exemple récemment remis en lumière les Poésies complètes d’Hilda Bertrand. Cet automne, la même collection accueillera les Œuvres complètes de Madeleine Ley (1901-1981). Aujourd’hui surtout connue pour ses œuvres en prose (Olivia, son premier roman, disponible en Espace Nord et Le grand feu qui lui a valu le prix Rossel sur manuscrit en 1939), elle est pourtant aussi l’autrice de textes poétiques et de romans pour enfants, qui n’étaient jusqu’à présent pas disponibles en librairie. La carrière littéraire de Madeleine Ley a été brève, s’interrompant après la Deuxième guerre mondiale, en raison d’une santé mentale précaire et d’un lourd suivi psychiatrique. Cette réédition bienvenue offrira une visibilité nouvelle à cette autrice injustement tombée dans un certain oubli. La collection « Erotik » du même éditeur accueillera quant à elle Le suspens et autres textes inédits de l’un des grands noms du surréalisme en Belgique, Marcel Lecomte (1900-1966). Le suspens a paru pour la première fois au Mercure de France en 1971.

Les éditions Cambourakis rééditeront un livre d’André Baillon (1875-1932), En sabots. En librairie le 5 novembre. 

Des livres en poche

wauters le plus court chemin folio

À côté des nouveautés en grand format, quelques succès de librairie des années précédentes trouveront cet automne une seconde vie en livre de poche. Ce sera le cas du Plus court chemin d’Antoine Wauters en Folio (14 aout), du Retour de Saturne de Daphné Tamage (Le livre de poche, 3 septembre), de La pouponnière d’Himmler de Caroline De Mulder (Folio, 4 septembre), de Comme si de rien n’était de Barbara Abel (Pocket, 6 novembre), mais aussi d’Il suffit d’une cerise sur le gâteau, roman feel-good de Cecilia Duminuco (Pocket, 9 octobre).

claise faidherbe les poches cousues

Genèse édition rééditera Les poches cousues de Michel Claise, co-signé avec Alain-Charles Faidherbe. Le livre avait connu une première vie aux éditions Luce Wilquin, en 2014. Les auteurs, tous deux hommes de loi, nous plongent dans un milieu qu’ils connaissent bien – celui de la justice confrontée à l’argent sale – et plus que cela, puisque le livre est largement basé sur l’expérience d’Alain-Charles Faidherbe (un nom d’emprunt). Il est question ici d’un juge d’Europe de l’Est qui refuse la corruption, pourtant de règle parmi ses collègues. Le prix à payer est très lourd : accusations, déstabilisations, attaques envers sa famille… Le juge doit même être exfiltré en Belgique.

neirynck ma folie ordinaire

Les éditions f Deville se lancent elles aussi dans le format de poche, avec la réédition de Ma folie ordinaire d’Éric Neirynck. Le roman, initialement paru à La boite à Pandore, conte l’histoire d’un quinqua un peu alcoolique, un peu névrosé, qui, constatant (ou croyant?) que tout le monde le quitte, se lance dans un périple de Bruxelles à Paris, en quête du bonheur. 

kavian trois siècles d'amour

On notera aussi la réédition par Flammarion et en petit format d’Orwell ou l’horreur de la politique (27 aout), essai dans lequel Simon Leys analyse les conceptions politiques de l’auteur de La ferme des animaux et son engagement contre tous les totalitarismes. Enfin, La contre-allée, qui a récemment publié L’engravement d’Eva Kavian, a la bonne idée de rééditer en poche Trois siècles d’amour de la même autrice, paru initialement en 2003 au Castor astral, et devenu introuvable.

À signaler enfin : la réédition en grand format, au Diable vauvert, de la saga des Stefan PlatteauLes sentiers des astres, initialement parue aux Moutons électriques. Les volumes 1 (Manesh) et 2 (Shakti), sont annoncés pour le 2 octobre.

La rentrée belge avec Le Carnet et les Instants

Comme chaque année, Le Carnet et les Instants se mettra dès la mi-aout à l’heure de la rentrée littéraire. Les recensions, les dernières nouvelles des prix littéraires et toute l’actualité de la rentrée seront à suivre sur notre blog, sous l’onglet « Rentrée »

Nausicaa Dewez