Archives par étiquette : Stéphane Lambert

Le pinceau pense et la pensée se fait pinceau

Un coup de cœur du Carnet

Stéphane LAMBERT, Fabienne Verdier. Les formes de l’invisible, Arléa, coll. « La rencontre », 2025, 96 p., 16 €, ISBN : 978-2-36308-424-8

lambert fabienne verdier les formes de l'invisibleStéphane Lambert n’écrit pas sur la peinture, mais depuis elle, en elle, à partir de l’intensité d’une rencontre dont il n’entend pas étouffer le mystère sous des grilles théoriques rendant inerte le geste de création. Dans son éblouissant essai, Fabienne Verdier. Les formes de l’invisible, il retrace au fil d’une pensée devenue pinceau l’aventure picturale frayée par Fabienne Verdier, une figure centrale du paysage artistique contemporain. La porte entre le monde de l’Orient et celui de l’Occident que la peintre a ouverte depuis son long séjour initiatique en Chine dans les années 1980 se redouble dans la traversée des portes qui jalonnent le parcours de l’artiste. Continuer la lecture

Voir et vivre Van Gogh en sa chair

Un coup de cœur du Carnet

Stéphane LAMBERT, Van Gogh, Gallimard, coll. “Pop-Art”, 2025, 44 p., 8,90 €, ISBN : 9782073110176

lambert van goghL’œil qui monte dans la main avant de pénétrer la texture des choses, la quête d’une lumière au sein même de l’obscurité, la flamme de l’intense qui danse jusqu’à consomption tant dans l’existence que dans les tableaux… dans son Van Gogh qui ouvre la nouvelle collection Pop-Art de Gallimard (aux côtés d’ouvrages sur Frida Kahlo, Hokusaï et Manet), Stéphane Lambert délivre un éblouissant questionnement de l’énigme Vincent Van Gogh. Après son souverain récit Vincent Van Gogh, l’éternel sous l’éphémère (Arléa), il réinvente son regard et propose une nouvelle approche du peintre sous l’angle d’une vision du mouvement organique qui pulse la vie et l’œuvre du peintre né à Zundert dans les Pays-Bas en 1853, mort à Auvers-sur-Oise en 1890. La singularité de la collection Pop-Art, c’est d’avoir imaginé des livres-objets dont les pages, lorsque la lecture est terminée, se replient pour former une œuvre du peintre. L’œuvre choisie qui, littéralement, dévore le livre, métamorphose les phrases en une création picturale, c’est un tableau de la dernière période, La nuit étoilée, réalisé en 1889 à Saint-Rémy. Continuer la lecture

Portrait de l’artiste en Icare
L’embrasement vertigineux et splendide de Nicolas de Staël

Un coup de cœur du Carnet

Stéphane LAMBERT, Nicolas de Staël, la peinture comme un feu, Gallimard, 2023, 240 p., 42 €, ISBN : 9782073024688

lambert nicolas de stael la peinture comme un feuL’art réside peut-être moins dans sa fin, l’œuvre produite, accrochée aux cimaises, dite achevée, que dans la dynamique qu’il instaure. Stéphane Lambert aime s’immerger dans la trajectoire des artistes pour saisir ce qui met en tension leur vie, la détourne du quotidien ordinaire, la transfigure et la déchire jusqu’à, parfois, l’anéantir. De Rothko à Goya, de Spilliaert à Van Gogh en passant par Klee et Monet, ses essais et ses romans témoignent d’un dialogue constant entre l’écriture et la peinture pour dire le mystère de la création, son aspiration à une spiritualité, son élan, obscur et lumineux, vers une profondeur mythologique. L’écrivain parvient ainsi à saisir l’artiste dans ce bord de l’abîme dont il surgit, qui le nourrit, l’absente au monde et le menace du désastre – mais ce désastre n’est-il pas la possibilité nécessaire à son contrepoint, l’œuvre ? Continuer la lecture

L’art et sa source

Un coup de cœur du Carnet

Stéphane LAMBERT, ni se nommer, La Lettre volée, coll. « Poiesis », 2023, 56 p., 14 €, ISBN : 9-782873-176105

lambert ni se nommerRomancier (Prix Rossel 2022), poète et essayiste, Stéphane Lambert est né à Bruxelles en 1974. Il questionne le processus de création dans différents livres sur des artistes : Monet, Rothko, Nicolas de Staël, Goya, Léon Spilliaert ou des écrivains : Samuel Beckett et la peinture de Caspar David Friedrich ; Herman Melville et son amitié avec Nathaniel Hawthorne. Ses textes poétiques sont souvent inspirés d’œuvres plastiques : Chapelle du rien (2014), Art Poems (2018) ou encore Écriture première (2020). Continuer la lecture

Le Top 2023 de Véronique Bergen

Le Carnet et les Instants revisite l’année littéraire 2023 avec le Top 3 de ses chroniqueurs et chroniqueuses. La sélection de Véronique Bergen. Continuer la lecture

Rentrée littéraire 2023 : abondance et diversité

rentrée littéraire 2023

Le rituel est connu : chaque année en juin, les maisons d’édition dévoilent le programme de leur rentrée littéraire. Et lectrices et lecteurs de partir en vacances avec la certitude de trouver en librairie, dès la mi-août, pléthore de nouveaux livres qui adouciront à n’en point douter le retour à la vie professionnelle.

Cette année encore, auteurs et autrices belges seront nombreux à participer à ce temps fort de l’année éditoriale. La rentrée littéraire est traditionnellement associée au roman. Il ne sera pas, loin s’en faut, le seul genre à faire l’actualité cet automne, mais il en sera certainement l’un des points névralgiques. Tour d’horizon des sorties annoncées. Continuer la lecture

Dans les pas de Van Gogh

Un coup de cœur du Carnet

Stéphane LAMBERT, Van Gogh. L’éternel sous l’éphémère, Arléa, coll. « La rencontre », 2023, 120 p., 17 €, ISBN : 9782363083241

lambert van gogh l eternel sous l ephemereAprès L’apocalypse heureuse, une fiction couronnée par le Prix Rossel 2022, après ses derniers essais Paul Klee jusqu’au fond de l’avenir et Être moi, toujours plus fort. Les paysages intérieurs de Léon Spilliaert, Stéphane Lambert nous offre un éblouissant pèlerinage, aussi intime qu’inspiré, dans l’œuvre de Vincent Van Gogh. Rares sont les livres qui sont touchés par la grâce. Grâce d’une rencontre, d’une plongée sensorielle dans une vie picturale dont l’auteur retrace la genèse du dedans, avec une vue qui s’apparente à celle d’un plasticien. Au plus près de la matière Van Gogh, au fil d’un texte vagabond, habité et érudit qui peut se lire comme une longue lettre adressée au créateur des Mangeurs de pommes de terre, des Tournesols, Van Gogh. L’éternel sous l’éphémère retrace le chemin de croix, l’itinérance d’un homme pérégrinant d’Amsterdam à Paris, d’Arles à Saint-Rémy et à Auvers-sur-Oise. Continuer la lecture

Revue de presse : les livres de l’année 2022

revue de presse - illustration

Photo Pixabay

Tout au long du mois de décembre, les médias ont dressé le bilan de l’année littéraire 2022, dévoilant en particulier leurs listes des « meilleurs » livres des douze derniers mois. Un exercice auquel la rédaction du Carnet et les Instants a participé : nous vous avons proposé, du 8 au 31 décembre, les sélections de nos chroniqueurs et chroniqueuses. Nos regards se tournent à présent vers les choix des autres journaux et magazines – et plus précisément sur les auteurs et autrices belges francophones qu’ils ont retenus. Continuer la lecture

Le Top 2022 de Daniel Simon

Le Carnet et les Instants revisite l’année littéraire 2022 avec le Top 3 de ses chroniqueurs et chroniqueuses. La sélection de Daniel Simon.
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Prix Rossel 2022 : les lauréats

stéphane lambert

Stéphane Lambert ©Anne Bourguignon

Les jurys des prix Rossel de littérature et de bande dessinée ont fait leur choix : les lauréats sont désormais connus. Continuer la lecture

De la tourmente à la sérénité

Stéphane LAMBERT, L’apocalypse heureuse, Arléa, coll. « La rencontre », 2022, 175 p., 19 €, ISBN : 9782363082855

lambert l apocalypse heureuseIl aura fallu à Stéphane Lambert écrire ce livre et lui donner un titre éblouissant L’apocalypse heureuse pour franchir des dizaines d’années d’attente, de souffrance et enfin s’emparer pleinement de sa vie.

Il se rend chez un thérapeute de renom dans l’espoir d’en recevoir l’absolution de son mal être. Ce n’est pas tout à fait un endroit choisi par hasard. Il connaît ce quartier de Bruxelles pour y avoir vécu dans son enfance. Il reconnaît aussi la maison où se trouve le cabinet médical, celle-là où il a été abusé par un ami de ses parents. Il va donc au devant de son passé car il mesure la force de sa longue imprégnation.  Il se rend compte aussi du silence qui a entouré cet abus et se met à le reprocher à ses parents qui ne veulent pas le reconnaître. Il s’en veut à lui-même de s’être tu. Mais en rappelant ce tourment, il met au clair l’ensemble des problèmes. Ce n’est pas seulement cet abus dont il a été victime, il y ajoute la séparation puis le divorce de sa mère et son père. Une image le taraude et revient plusieurs fois sous sa plume, son départ de la maison familiale, alors qu’il est assis à côté de sa mère à l’avant du camion de déménagement et voit son père pleurer à l’étage. Sa mère et son père auxquels il exprimera son reproche jusqu’au moment où finalement il pardonne, par nécessité : il ne leur en veut plus et trouve en lui, longtemps après, la force non pas d’oublier, mais d’apaiser sa colère. Continuer la lecture

La rentrée littéraire belge : une revue de presse

revue de presse - illustration

Photo Pixabay

Plus de 500 romans déferlant vers les librairies de la mi-août à la fin septembre, selon le calcul de Livres Hebdo. La rentrée littéraire aura fait dans la démesure, cette année encore. Et condamné à l’anonymat les nombreux livres qui n’auront pas la chance d’être des « têtes de gondole ».

Les auteurs et autrices belges, nombreux, qui ont participé à cette grande liturgie automnale des Lettres ont bénéficié, comme tous leurs confrères, d’une exposition médiatique variable. Tour d’horizon des journaux, magazines et blogs, sur papier ou en ligne, et de ce qu’ils écrivent de la rentrée belge. Continuer la lecture

Dans les traces de Paul Klee

Stéphane LAMBERT, Paul Klee jusqu’au fond de l’avenir, Arléa, coll. « La rencontre », 2021, 120 p., 18 €, ISBN : 978-2363082732

lambert paul klee jusqu au fond de l'avenirOn peint pour habiter l’acte de peindre, pour aller plus loin que la peinture. On peint pour trouver l’harmonie au milieu du champ de bataille. On cherche une logique au chaos. 

Après, entre autres, son ouvrage Être moi toujours plus fort. Les paysages intérieurs de Léon Spilliaert (paru aux éditions Arléa), Stéphane Lambert poursuit son travail d’articulation du visible au dicible, cette fois dans les traces de Paul Klee. L’écrivain et essayiste voyage en Suisse, à Berne, là où est né et enterré le peintre. Continuer la lecture

Écrire pour tenter de comprendre

Stéphane LAMBERT, Tout est paysage, Atelier contemporain, 2021, 133 p., 20 €, ISBN : 978-2-85035-013-9

lambert tout est paysageUne certaine disparate, à première vue, règne dans le dernier livre de Stéphane Lambert, consacré à la peinture. D’abord, les neuf textes rassemblés ont paru précédemment à des dates et dans des circonstances bien différentes : exposition, revue, brochure-spectacle, mise en ligne, catalogue. Ensuite, les œuvres commentées relèvent d’époques, de pays et surtout de genres éloignés, même à invoquer la brumeuse notion de « modernité » : C. Monet, Cy Twombly, P. Klee, A. Tàpies, Z. Mušič, P. Mondrian, G. Morandi, N. de Staël. De plus, le nombre de pages consacré à chaque artiste va de quarante-et-une pour Monet à une seule pour Klee ou Mondrian… Continuer la lecture

Un recueil poétique polymorphe

Stéphane LAMBERT, Écriture première, Lettre volée, 2020, 96 p., 17 €, ISBN : 978-2-87317-561-0

lambert écriture premièreAprès une œuvre déjà abondante et diverse, Stéphane Lambert revient à la poésie, cette fois dans un volume élégant publié à La Lettre volée. Un recueil important, Écriture première, tout en discrétion mais explicite dans sa simplicité, en apparence peut-être, langagière sans doute, et pourtant complexe d’inspiration. Celle-ci est clairement avouée si on distingue dans le texte différentes sections titrées, soit en dédicace à des artistes ou à leurs manifestations, à l’exclusion de tout résumé, soit en manière de possible lecture ou interprétation. Il faut en tout cas compter avec la vraie documentation en appui à un choix en connaissance certaine. Comme dans ses autres publications, essais et certains romans, Stéphane Lambert est donc ici voué à l’art.

Nous le suivrons dans son itinéraire. Continuer la lecture

Spilliaert. Passer de l’autre côté des choses

Stéphane LAMBERT, Être moi, toujours plus fort. Les paysages intérieurs de Léon Spilliaert, Arléa, 2020, 128 p., 10 €, ISBN : 978-2-36308-223-7

Après Monet (L’adieu au paysage. Les nymphéas de Claude Monet, La Différence, Monet, impressions de l’étang, Arléa), Rothko (Mark Rothko, rêver de ne pas être, Arléa), Nicolas de Staël (Nicolas de Staël, le vertige et la foi, Arléa), Goya (Visions de Goya, l’éclat dans le désastre, Arléa, prix Malraux 2019), le dialogue que Stéphane Lambert noue avec la peinture se porte sur Léon Spilliaert. Proximité, sismographe de poète, affinités électives, démarche questionnante qui décloisonne l’œuvre et la vie et plonge à mains nues dans l’imaginaire des peintres : ce quatuor compose moins une méthode qu’un embrasement passionné. Dans Être moi, toujours plus fort. Les paysages intérieurs de Léon Spilliaert, Stéphane Lambert livre un récit à deux voix, celle du peintre Spilliaert, celle du narrateur-auteur.


Lire aussi : Histoires de vie, des rencontres risquées entre réel et imaginaire (C.I. 190)


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