Immuable temps fort de l’année éditoriale française, la « rentrée littéraire d’automne » suscite beaucoup d’attention en Belgique aussi.
De la part des libraires et des lecteurs, évidemment, puisque la littérature publiée en France reste, de loin, la plus vendue chez nous. Pour les auteurs et autrices belges publiés en France, cette rentrée est pleinement la leur, et ils se mêleront, comme tous les romanciers hexagonaux, à l’effervescence du moment et notamment à la course aux prix. Les maisons d’édition belges, quant à elles, adoptent vis-à-vis de cette période des attitudes diverses. Certaines en font un moment-phare de leur année. Elles optent alors pour un programme d’ampleur, et des dates de parution qui rejoignent celles des voisins français (fin août), ou sont au contraire plus tardives, pour éviter une concurrence déséquilibrée. D’autres maisons, sans être inactives au cours du deuxième semestre, placent plutôt le centre de gravité de leur année éditoriale à la Foire du livre de Bruxelles, et présentent donc un programme plus léger pour l’automne.
Tour d’horizon des auteurs et autrices belges qui feront la rentrée 2025, en Belgique ou à l’étranger. Continuer la lecture


Dans une écriture « caméra sur l’épaule », Alex Lorette, qui est déjà l’auteur de plusieurs pièces et 




Le court texte d’Alex Lorette paru en octobre dans la collection « Poche » des éditions Lansman est de ceux qui doivent être dits à voix haute s’ils ne sont portés à la scène. Parce que La ligne de partage des eaux n’est rien de moins que 34 pages haletantes, celles du récit d’un homme occupé de courir. Seul, il court dans les bois, suit le tracé d’une rivière, d’un fleuve, d’une route, tombe, se blesse, se redresse, se remet à courir.
Le théâtre contemporain cherche, à chaque génération, à ébranler les conventions sociales de la violence commune, invisible, banale. Alex Lorette est de ces auteurs et sa dernière pièce Dream job(s), enfonce le clou dans l’univers de l’apparence raisonnable du management et des profits implacables qu’elle doit générer. La pièce a reçu le prix des metteurs en scène « hors » et « en » Belgique 2017-2018. 
Franck, JC et Leslie vivent dans un trou perdu. Aucun voisin, aucune maison aux alentours. Que la nature à perte de vue, ses forêts, les bruits qui craquent, des hululements, le vent qui souffle. Rien qu’eux trois et leur profonde solitude, brisée parfois par des échappées au travail ou sur les routes. Qui sont-ils les uns pour les autres ? Deux frères et une sœur ? Un ménage à trois ? Des amis ? De simples colocataires ?
Dans cette nouvelle pièce, Alex Lorette nous livre une histoire sur le thème du harcèlement scolaire : à presque 15 ans, Camille est victime des vexations de jeunes de son école. À travers des dialogues très concrets, on peut découvrir une bonne déclinaison de situations de harcèlement, depuis les propos indifférents typiquement adolescents jusqu’à la cruauté sans limite, elle aussi typiquement adolescente. Quand on croit avoir bien compris de quoi il s’agit, un autre tableau nous livre un nouveau rebondissement, parce que le harcèlement ne s’arrête jamais, il s’est invité dans la maison de Camille, se faufile dans des courriels insultants, se matérialise en une page Facebook anti-Camille. Bref, il est partout, lancinant. 