Paradoxe du calendrier littéraire : à peine la trêve estivale s’annonce-t-elle qu’il est déjà question de la rentrée. Ce temps fort de l’année éditoriale se prépare évidemment toujours de longue date et c’est aux premiers jours de juillet que l’essentiel des programmes est connu. Les premières sélections pour les prix littéraires d’automne tombent déjà, et Livres Hebdo peut se prêter à son traditionnel décompte : combien d’ouvrages arriveront sur les tables des libraires en août et septembre de cette année ? La surproduction éditoriale, dénoncée chaque année, sera-t-elle forte, très forte ou quasi insoutenable cette fois ?
Beaucoup d’auteurs et autrices belges, qu’ils soient publiés en France ou en Belgique, verront eux aussi leur livre – parfois même leur premier livre – paraitre en cette rentrée. Tour d’horizon des ouvrages attendus à partir du 17 août.
Les romans : tradition et nouveaux venus
Difficile de commencer ce panorama de la rentrée sans évoquer les romans, genre-roi de l’automne, et fer de lance de la rentrée littéraire.
Comme chaque année, plusieurs auteurs et autrices belges connaitront l’effervescence de la rentrée française. C’est une tradition établie depuis 30 ans désormais, Amélie Nothomb lance la rentrée. À paraitre le 17 août, Le livre des sœurs est son 31e livre aux éditions Albin Michel. Dans la lignée des Prénoms épicènes et de Frappe-toi le cœur, elle explore les relations parents-enfants, leur inévitable toxicité, pour magnifier, en contrepoint, la pureté et la vitalité de l’amour entre sœurs. Autre habituée de la rentrée, Emmanuelle Pirotte signe le 25 août son retour aux éditions du Cherche-Midi. Après un détour par les éditions Philippe Rey pour Rompre les digues au printemps 2021, la romancière signe avec Les reines sa cinquième collaboration avec son éditeur historique. Elle renoue avec le roman d’anticipation, qu’elle avait déjà exploré dans De profundis, nous immergeant dans un monde où les femmes ont désormais prix le pouvoir. Philippe Blasband, qui a publié Quintessence aux éditions Maelström reEvolution au printemps, confirme son grand retour, après plusieurs années de silence éditorial : Chocolat amer paraitra au Castor astral le 25 août. Le livre nous raconte l’histoire d’une Bruxelloise devenue enquêtrice malgré elle lorsqu’elle découvre coup sur coup deux cadavres. Des morts qui l’entraineront vers une quête intime et la pousseront à rencontrer des personnages étonnants, dont certains proches de la mafia.
Ces plumes confirmées voisineront avec plusieurs primo-romanciers. Trois d’entre eux rejoindront les tables des librairies dès le 17 août. Mehtap Teke publie Petite, je disais que je voulais me marier avec toi aux éditions Viviane Hamy. Finaliste du prix Envoyé par la poste, ce livre est le portrait d’un émigré kurde venu s’établir dans les corons belges ; l’autrice entrecroise les souvenirs de son personnage principal et de la fille de celui-ci, nous emmenant de l’Anatolie à la Belgique et retour. Dominique Celis connait elle aussi d’ores et déjà les honneurs d’une sélection pour un prix : Ainsi pleurent nos hommes (Philippe Rey) est en lice pour le prix Méduse. Autrice belgo-rwandaise, elle situe son roman à Kigali. Son héroïne se remet difficilement d’une rupture amoureuse et écrit des lettres à sa sœur, dans lesquelles la désolation sentimentale s’entremêle à la description du quotidien, celui d’une population qui vit avec les traumatismes du génocide. Cette rentrée marquera aussi les débuts de romancier du cinéaste Lucas Belvaux. Les tourmentés, publié chez Alma, est l’histoire d’une riche veuve passionnée par la chasse qui cherche un homme acceptant de jouer le rôle de gibier. Elle finit par le trouver…
Le 25 août, ces trois jeunes auteurs seront rejoints par Alexandre Valassidis, dont Au moins nous aurons vu la nuit parait dans la collection « Scribes » de Gallimard. Primo-romancier, mais point écrivain débutant, Alexandre Valassidis est déjà un poète confirmé, avec notamment deux recueils remarqués parus aux éditions Cheyne sous le pseudonyme de Louis Adran. Au moins nous aurons vu la nuit est l’histoire de la mystérieuse disparition de Dylan. Son meilleur ami tente de mettre bout à bout ce qu’il sait de lui, de reconstituer ce qu’était sa vie. L’ami se souvient ainsi des heures passées à arpenter la ville, de nuit, dans le silence et l’ennui.
Le 2 septembre, les éditions du Canoë publieront le très poétique premier roman de Didier Dumont, Je suis né comme un mourant.
Catherine Locandro a récemment écrit deux romans pour la jeunesse, Cassius et Dans ce monde ou dans l’autre. Le 8 septembre, elle revient à la littérature générale avec Le portrait de Greta G., évocation mi-fictionnelle mi-biographique de l’icone hollywoodienne Greta Garbo, à paraitre aux éditions Les pérégrines.
La fantasy ne sera pas non plus absente de cette rentrée, avec la parution le 18 août chez Scrineo du 2e volume de la saga De rouages & de sang d’A.D. Martel : Le trésor de Pink Lady.
Du côté des maisons d’édition belges, la rentrée commence traditionnellement un peu plus tard qu’en France. Les premiers romans sont ainsi attendus pour le début septembre.
Les éditions Lamiroy ouvriront la rentrée littéraire belge avec Ce que le passé me réserve, un roman de Brigitte Moreau, à paraitre le 1er septembre. Il s’agit de la deuxième rentrée consécutive pour l’autrice, dont le premier roman, La complainte d’Isabeau, a été publié l’année dernière aux éditions F. Deville. Ce que le passé me réserve est l’histoire d’une femme qui, enceinte à 18 ans, range au placard rêves et ambitions pour se consacrer à son rôle d’épouse et de mère, mais dont le passé resurgit, 13 ans plus tard… Photographe de renom, Luc Dratwa passe à présent à l’écriture. Son premier roman, Passé inaperçu, annoncé pour le 1er octobre, met en scène… un photographe pour une histoire où s’entremêlent les villes (Bruxelles, Paris, New York…), les vies et les rencontres. Stefan Liberski sera lui aussi de la partie en cette rentrée avec Néron rouge, prévu en novembre.
Les éditions MEO programment deux romans pour le 6 septembre. Après Le choix de Mia en 2020, Jean-Pierre Balfroid publie un deuxième opus, Ces étoiles dans la nuit, délicate plongée dans l’Ardenne des années 1950 pour l’histoire de la relation entre un homme et une jeune fille orpheline, dont il ignore être le père biologique. Précédemment publié aux éditions du Rouergue et Sans escale, Philippe Fiévet s’essaie au roman historique. Une colonne pour le paradis emmène les lecteurs et lectrices dans la Syrie byzantine du 5e siècle après Jésus-Christ, époque troublée, marquée entre autres par le fanatisme religieux. Le 6 octobre paraitra Le maitre du Mont Xîn, de Gérard Adam. L’auteur et éditeur nous emmène dans une aventure spirituelle, autour de deux femmes qui cherchent à atteindre le sommet du Mont Xîn, où un couple d’amants philosophes a créé, au 12e siècle, un rite religieux dans lequel l’érotisme joue une part importante. L’ascension est le moment d’un voyage intérieur pour les deux personnages. Le 8 novembre, la même maison rééditera La source d’incandescence, roman de Monique Thomassettie initialement paru aux éditions La page. Récit initiatique, le livre suit les traces d’une artiste qui part vers l’Orient en quête d’une mystérieuse Source incandescente. Prix des Bibliothèques de la Ville de Bruxelles, Les mots de Russie d’Isabelle Bielecki reparaitra chez MEO en décembre, après une première édition chez EME en 2005. Avec cette réédition, la trilogie de l’autrice (Les mots de Russie, Les tulipes du Japon et La maison du belge) est désormais intégralement disponible chez le même éditeur.
Aux éditions Esperluète, la rentrée du roman débutera le 9 septembre avec Le netsuke, de Thomas Lavachery. Classique incontournable en littérature pour la jeunesse, Thomas Lavachery ajoute une ligne à sa bibliographie de littérature générale, un an après Le cercle, qui lui a valu une place de finaliste du Rossel 2021. Avec Le netsuke, l’écrivain joue sur les limites entre fiction et autobiographie. Le narrateur, un adolescent dans le Bruxelles des années 1970 et 1980, ressemble étrangement au jeune Thomas Lavachery. Violaine Lison, dont le premier livre Ce soir, on dort dans les arbres a paru chez Esperluète au printemps 2021, revient dans la même maison d’édition pour Vous étiez ma maison, illustré par Manon Gignoux. Mi-roman mi-conte, le livre épouse les pas d’une narratrice qui se promène de la ville à la forêt où elle croise une étrange femme, fée ou sorcière, avec laquelle elle noue une relation intense et complexe.
La muette/Le bord de l’eau annonce un roman de Bruno Wajskop pour le 16 septembre, Œil de linge. L’auteur fait revivre l’agonie d’un homme, vue à travers le regard de son épouse, qui la découvre elle-même par les images d’une caméra de surveillance.
Cinq romans paraitront aux éditions Académia. Le premier d’entre eux est programmé pour septembre, Mesure 217 de Françoise Lhoir. Dans ce roman psychologique, l’autrice évoque le destin de trois personnages, des musiciens classiques passionnés par leur art. En octobre, Un sombre dimanche sans fiançailles clôturera avec une pointe d’humour la trilogie policière de Bruno Dinant. En novembre, Benoit Roels,-habitué de la maison, nous entraine dans une histoire d’amour et d’amitiés sur une bande sonore new wave avec le bien-nommé Tainted love, tandis qu’avec Cette route qui nous porte, Bertrand de Longueville narre l’histoire d’un jeune homme parti à l’aventure, porté par l’amour de son père défunt. En décembre, Olivier Bailly s’essaie, avec Nos vies sont merveilleuses, au « polar rural de vieux », où les questions existentielles sont abordées avec humour.
Le catalogue de la toujours surprenante collection « If » de L’arbre à paroles accueille un renfort de choix. Auteur notamment des singuliers Notre château et Une fêlure aux éditions du Tripode, Emmanuel Regniez signe La reconnaissance, à paraitre le 3 octobre. Dans la lignée de ses opus précédents, le livre explore les motifs du double, du masque, de la mémoire et de l’oubli, à partir d’un pacte conclu entre deux personnages, dont l’un accepte de suivre l’autre partout pendant un an.
Chez Genèse édition, c’est une autre autrice confirmée qui fait son entrée au catalogue. Encore s’agit-il plus précisément d’un retour : avant Voyage de noces avec ma mère chez Calmann-Lévy en 2015 et La ballerine aux gros seins chez Arthaud en 2018, Véronique Sels avait en effet déjà publié La tentation du pont (2011) et Bienvenue en Norlande (2012) chez Genèse. Cette année, Même pas mort! parait le 9 septembre. L’histoire est librement inspirée de la trajectoire de Stéphane Mandelbaum, peintre et truand, assassiné à l’âge de 25 ans.
Après une première collaboration avec la maison d’édition Onlit au printemps dernier (Une grande actrice), Stefan Liberski n’aura pas tardé à récidiver. Son Teo malgré est annoncé pour le 12 octobre. Deux autres livres sont programmés pour novembre, signés par deux habitués de la maison : Sachant qu’aucun animal ne nous appartient de Véronique janzyk et La course de Jacques Richard.
Les éditions Murmure des soirs publieront l’un de leurs auteurs habituels à la mi-octobre : après 37, rue de Nimy, Alexandre Millon revient avec Les heures claires, suite d’instantanés mis en mots. La même maison d’édition publiera aussi Déjà ?, de Gwendoline Loosveld. Cette spécialiste en droit des successions, active sur les questions éthiques liées à la fin de vie, publie un livre où il est question de la mort et de comment en parler, aborder son propre décès.
Les éditions Traverse annoncent pour novembre un roman de Paul G. Dulieu, Il voulait peindre la nuit.
Les éditions F. Deville feront leur rentrée au mois de novembre avec une nouvelle collection dédiée au roman court, « Œuvres au jaune », reconnaissable à sa couverture… jaune, distincte du rouge habituellement utilisé par la maison d’édition. Trois titres sont prévus pour le lancement. Une pêche miraculeuse de Didier Robert conte l’histoire d’un fils qui découvre la fascinante transformation nocturne de son père, alcoolique et violent. Marc Meganck, qui avait publié le très beau Le jour où mon père n’a pas eu le dernier mot dans la même maison d’édition au printemps, revient avec La lunette, annoncé comme une « quête surréaliste où il est question d’amour, d’amitié, de finesse et de sens de l’existence« . Avec Romuald et Julienne, Brigitte Moreau signe une variation sur le thème éternel de Roméo et Juliette et s’offre donc une double rentrée littéraire.
Spécialisées dans la poésie, les éditions Le coudrier publieront néanmoins elles aussi un roman au deuxième semestre : Un jour d’été à Central Park, par Anne-Michèle Hamesse, autrice du recueil de nouvelles Le lac du Bois de la Cambre dans la même maison d’édition en 2020.
Le roman de genre ne sera pas oublié en cette rentrée. « Noir Corbeau », la collection de polars des éditions Weyrich, s’enrichira de trois nouveaux volumes : le tandem Dumont-Dupuis et Christian Joosten poursuivront leur série respective, tandis que Line Alexandre, qui avait déjà tâté de la littérature policière avec L’enclos des fusillés, fait son entrée dans la collection avec La prophétie des nains. Les éditions Ker rééditent quant à elles L’inconnu du parvis de Giuseppe Santoliquido, initialement paru chez Genèse. Les éditions F. Deville publieront Un croque-mort à côté de ses pompes, roman finaliste du prix polar de la Foire du livre, signé par Bruno Dinant, qui avec Un sombre dimanche sans fiançailles évoqué plus haut, sera donc doublement présent en cette rentrée.
La nouvelle : un dynamisme constant
Cas particulier dans le paysage éditorial francophone, l’édition belge affiche dynamisme et inventivité dans l’édition de la nouvelle. Une tendance que la rentrée 2022 confirme.
Le 1er septembre 2017, les éditions Lamiroy lançaient la collection « Opuscule » : une nouvelle publiée chaque semaine, disponible à l’unité ou sous forme d’abonnement. Cinq ans plus tard et quelque 250 titres au compteur, le concept a largement fait ses preuves et la cadence est maintenue. On ne change pas une formule qui gagne : de nouveaux opuscules paraitront en cette rentrée, toujours au rythme d’un volume par semaine. En septembre, la collection s’enrichira aussi d’un 15e hors-série, recueil collectif sur le thème Fantastique.
Dans le domaine de la nouvelle, les éditions Ker peuvent elles aussi se targuer d’une collection phare : « Belgiques » est une collection de recueils de nouvelles dans lesquels un auteur ou une autrice raconte, sur le mode de la mosaïque, sa vision de la Belgique. Comme en 2021, la collection n’accueillera pas moins de quatre nouveaux volumes en octobre 2022. Aux Laurent Demoulin, Luc Dellisse, Colette Nys-Mazure, Tuyêt-Nga Nguyen du millésime 2021 succèdent, pour 2022, quatre plumes éminemment contrastées : Rose-Marie François, Myriam Leroy, Grégoire Polet et Marc Quaghebeur. Ker éditions publie aussi régulièrement des recueils collectifs, autour d’une thématique qui invite à la réflexion. WWW interrogera la dépendance de notre société au numérique.
Les éditions Traverse mettront aussi à l’honneur la fiction courte avec la parution en octobre du recueil Comme les pierres de Tristan Alleman, lauréat du prix Gauchez-Philippot pour Fugitives, autre recueil publié chez le même éditeur. En décembre, Traverse éditera aussi un recueil de fables de Michel Voiturier et un recueil de récits de Guy Stuckens.
Les éditions Éléments de langage publieront en septembre Parler avec les dieux de Luc Dellisse, recueil de cinquante histoires brèves autour du mystère qui s’immisce soudain dans le quotidien.
Qui pense à la nouvelle pense forcément à Quadrature, éditeur néo-louvaniste dédié au genre. Deux autrices belges sont au programme du second semestre. Agnès Dumont sera sur tous les fronts en cette rentrée : outre le polar qu’elle co-signe avec Patrick Dupuis aux éditions Weyrich, elle revient à son genre de prédilection. Quatre ans après À qui se fier ?, son nouveau recueil Je ne dis jamais non, le cinquième chez Quadrature, est attendu pour le 10 novembre. Les huit nouvelles qui le composent évoquent des personnages placés devant un dilemme, une décision importante, hésitants mais prêts à franchir un pas qui va faire basculer leur existence. En décembre, c’est un recueil de Stéphanie Mangez qui paraitra.
Les jeunes éditions La place publient elles aussi une nouvelle en cette rentrée. Signée par Julie Trémouilhe, Les loups seraient restés des loups paraitra le 9 novembre
Les éditions MEO republient le 8 décembre Fêtes, fureurs et passions en terre d’Ardenne, un recueil de Jean-Pierre Otte initialement paru chez Robert Laffont sous le titre Nicolas Gayoûle.
Les poètes font leur rentrée
Pas de rentrée sans poésie. Cette année encore, les livres annoncés sont nombreux et leurs auteurs divers.
Lacunaires est le titre du prochain recueil de Serge Delaive, à paraitre aux éditions Le chat polaire en septembre. La maison d’édition aux livres de format carré publiera aussi un recueil de Jacinthe Mazzocchetti, En écorches.
Déjà auteur du recueil Écart-type au Tétras Lyre en 2018, Célestin de Meeûs avait ensuite donné deux livres aux éditions Cheyne, Cadastres en 2019 et Cavale russe en 2021. Il revient chez l’éditeur liégeois en 2022 pour Atlantique.
Les éditions parisiennes L’herbe qui tremble ont publié de nombreux auteurs belges. La rentrée 2022 ne déroge pas à la tradition avec L’épreuve, le nouveau recueil de Philippe Lekeuche à paraitre en octobre. Le poète et académicien avait auparavant déjà publié deux recueils à L’herbe qui tremble : L’éperdu en 2010 et Une vie mélangée en 2014. Dans son nouveau recueil, il interroge le sens même du travail du poète.
En octobre toujours, La lettre volée publiera un recueil du poète et Secrétaire perpétuel de l’Académie, Yves Namur : O, l’œuf est écrit autour des seules lettres du mot «œuf ». Chaque page se présente en diptyque : en haut, un tableau ponctué de lettres et d’une ligne horizontale ; en bas, une partition ou les supports acoustiques du tableau. Le recueil de Denis De Rudder, Brève histoire de l’art en sonnets, à paraitre en novembre chez le même éditeur, repose lui aussi sur une contrainte de structure rigoureuse : composé exclusivement de sonnets classiques, le livre suit le fil de l’histoire de l’art occidental de la Grèce antique à aujourd’hui.
Auteur, Yves Namur est aussi éditeur. Sa maison d’édition, Le Taillis Pré, publiera trois recueils d’auteurs belges cet automne : Rendre grâce, premier recueil d’Olivier Noria (octobre), Écarts ou les esquives du désir d’Harry Szpilmann (novembre), déjà auteur d’Approches de la lumière chez le même éditeur en 2019, et Pollutions nocturnes de Marc Menu (décembre), lui aussi habitué de cette maison d’édition (Murmures du chardon en 2016 et Ce soir, c’est relâche en 2020).
Le 6 octobre, Butterfield : une relation d’Alexandre Curlet paraitra aux éditions Extrême contemporain. Recueil de poésie expérimentale, il s’agit du premier livre de son auteur.
Le 21 octobre, Emile Claus, Le vieux jardinier de Christine Van Acker sera disponible sur les tables des librairies. Publié dans la collection « Ekphrasis » des éditions Invenit, ce livre est une lecture, en poésie, d’un tableau du peintre Emile Claus.
Aux éditions La place, Ninar Esber publiera en novembre La lente migration de la tête vers les pieds, un long poème sur ce qu’est « migrer », d’abord à l’intérieur de soi, par les organes, les sens, par où l’on vit, crée, mais aussi souffre et expire.
En 2021, les éditions L’arbre de Diane avaient publié l’un des livres les plus remarqués de la rentrée littéraire : Caillasses de Joëlle Sambi. La rentrée 2022 sera à nouveau poétique avec JERK, le nouveau recueil de Maud Joiret, lauréate du prix de la première œuvre de la Fédération Wallonie-Bruxelles avec son précédent et premier livre, Cobalt (Tétras Lyre). L’arbre de Diane publiera également Scandale !, de Camille Pier.
Aux éditions Bleu d’encre, quatre recueils sont programmés. Philippe Colmant publiera Maison mère, son premier recueil dans la maison d’édition yvoirienne. Pour François Degrande, dont parait Spiritisme, ce sera un retour chez un éditeur dont le catalogue comprend déjà Foudre en cavale. Liliane Schraûwen n’est pas non plus une nouvelle venue dans la maison d’édition : Traces perdues, à paraitre à la rentrée, vient après Nuages et vestiges. Bleu d’encre prévoit encore deux autres recueils (sous réserve) : Terre silence d’Aurélien Dony, et un livre de Suzy Cohen, dont le titre est encore à confirmer.
Les éditions Le coudrier annoncent la parution de trois recueils poétiques, par trois habitués de la maison : Locataire de Pascal Feyaerts, Vrilles de Tristan Sautier et Écriture des silences d’Annie Préaux.
Les éditions Dancot-Pinchart publieront trois recueils d’auteurs et autrices belges. Marie-Jo Vanriet, dont le premier livre de poésie, Beige fracas, a paru chez le même éditeur au début de l’année, publie cette fois Rouge adjacent. Un livre qui voisinera en librairie avec La première mémoire de Gaspard Dancot et Circonscrire de Catherine Daele, connue jusqu’à présent surtout pour son œuvre théâtrale, publiée chez Lansman.
Théâtre à lire
L’édition de théâtre a particulièrement souffert pendant la longue fermeture des salles de spectacle. La situation sanitaire actuelle permet toutefois de travailler à nouveau dans des conditions revenues à la normale ou presque.
Acteur incontournable du secteur depuis de longues années, les éditions Lansman ont concocté un programme de parutions où l’expérience côtoie les nouvelles voix. En août, la maison d’édition publiera Norman, c’est comme normal à une lettre près de Marie Henry et Monsieur Phône et les sardines de Céline Lefebvre. En septembre, cinq pièces sont annoncées : La troisième nuit de Daniel Simon, Ricochet, le premier livre de Lénaïc Brulé, Tu comprends ? de Didier Poiteaux, Le paradoxe de Billy de Ludovic Drouet et Lune de Pamela Ghislain, dont le premier livre, Anna, paru chez le même éditeur, figurait parmi les finalistes du Grand prix des arts du spectacle de l’Académie. En novembre, Geneviève Damas, habituée de la maison d’édition, publiera Perfect day, tandis que le mois de décembre verra la parution d’une nouvelle pièce, Les yeux noirs de Céline Delbecq, autre figure de proue des éditions Lansman.
Présentes depuis deux ans sur la scène éditoriale, les éditions Les oiseaux de nuit poursuivent elles aussi leur action en faveur du théâtre. Une dizaine de titres sont annoncés pour novembre : On the Road… A ! de Roda Fawaz, Créon, suivi de Loin d’Antigone de Paul Emond, La femme du Soldat inconnu de Bruno Georis et Éric De Staercke, Après nous les mouches de Stéphane Bissot, Contes et légendes des Bernard-l’hermite de Capucine Berthon, Valencia Princesse du monde, suivi de Vivre de Zenel Laci, Binaire de François Delcambre, Le fils de Don Quichotte d’Anne Sylvain, Noces de Chypre de Clemens Van Nolloth et un ouvrage collectif avec des contributions d’Evelyne Guzy, Marina Yerlès, David Dumont, Deborah Danblon et Anne Sylvain.
Éditant occasionnellement du théâtre, L’arbre de Diane peut néanmoins déjà se targuer d’une belle reconnaissance dans le domaine, avec en particulier le prix triennal de théâtre de la Fédération Wallonie-Bruxelles décerné à Aurore boréale de Paul Pourveur. En cette rentrée, la maison d’édition publie une pièce de Florence Minder, Faire quelque chose (c’est le faire, non?).
Non-fiction, essais : le monde sous toutes ses coutures
Récits de soi et des autres
Histoires collectées, histoires personnelles racontées… : la mise en récit débordera largement, lors de cette rentrée littéraire, le seul cadre de la fiction.
La lettre volée publie No ou le pactole, premier récit publié de Rachel M. Cholz. D’abord destiné à être mis en voix, le texte évoque le parcours de Noémie, qui vit dans la rue (ou plus exactement l’habite), et tente de dire cette existence singulière, au présent et au plus près (parution le 19 août). Le 4 novembre, le même éditeur présentera Le laveur de vitres de Laurence Skivée. Évoquant un laveur de vitres, l’autrice tente d’aborder par ce biais l’écriture, la création, et la mise en mots du monde.
Après un important et salutaire travail de collecte de récits de la vie professionnelle réalisé en complicité avec Régine Vandamme (paru en deux volumes à la Renaissance du livre sous le titre Le bureau des secrets professionnels), Dominique Costermans publiera en cette rentrée le résultat d’une autre collecte d’histoires personnelles, tout aussi essentielle, puisqu’il est question cette fois d’IVG. Les douze récits rassemblés dans L’impensé de l’IVG, volume publié aux éditions Courteslignes, sont ceux de femmes qui ont eu recours à l’interruption volontaire de grossesse. Loin des discours dogmatiques, la place est faite ici à l’expérience concrète et sensible. L’autrice sera sur deux fronts en cette rentrée, avec la parution d’Après le déluge aux éditions Académia. Ce livre, issu d’une collaboration avec la librairie Claudine de Wavre, raconte les inondations qui ont frappé la librairie et ses habitué-e-s à l’été 2021. Les textes rassemblés sont multiples : témoignages, récits, écrits réalisés dans le cadre des ateliers d’écriture animés par l’autrice à la demande des libraires. Lors des rentrées littéraires de 2020 et 2021, les observateurs de la vie littéraire anticipaient un déferlement de récits et de témoignages liés à la pandémie ; leur nombre a finalement été moins important qu’attendu. On a moins évoqué de la part que les inondations qui ont endeuillé la Wallonie l’été dernier pourraient prendre. Phénomène certes plus local que le covid, il semble toutefois pousser lui aussi à une mise en mots, au passage par l’écriture pour comprendre. Après le déluge suit ainsi de peu Vesdre de Luc Baba (L’arbre à paroles), qui, quoique sur un tout autre mode, évoque lui aussi la crue.
Chez Académia toujours paraitra Le village au cœur de la mine de Brieuc Debontridder, dans lequel l’auteur évoque son regard sur la RDC, pays où il s’est rendu dans le cadre de la réinstallation d’un village par une entreprise minière.
Les éditions Luc Pire publient des histoires vraies des rencontres et anecdotes du bourlingueur Philippe Lambillon dans Au hasard des pistes. Tribulations d’un bourlingueur (6 octobre).
Aux éditions CFC paraitra le livre d’une grande habituée de la rentrée littéraire. Dans Marolles. La cour des chats, Véronique Bergen évoque un quartier de Bruxelles qui lui est cher. Le livre tisse des fils poétiques, oniriques, personnels et sociologiques, pour un voyage qui passe du présent au passé (18 novembre).
Dans Camp Est : journal d’une ethnologue dans une prison de Kanaky-Nouvelle Calédonie, Chantal Deltenre narre la mission ethnographique qu’elle a menée pour le compte de l’administration pénitentiaire française à la prison de Noumea en Nouvelle-Calédonie. À paraitre le 8 septembre chez Anacharsis, le livre, écrit après un mois passé sur place, est un témoignage à charge, qui dénonce entre autres la fréquence des suicides et automutilations parmi les détenus, kanaks en grande majorité.
Aux éditions La pierre d’alun, le texte dialogue volontiers avec l’image, l’écrivain avec le plasticien, pour créer des livres objets toujours étonnants. En cette rentrée, la maison d’édition publiera Le sens des tarots, un texte de Marcel Lecomte accompagné d’images de Pierre Alechinsky : « il ne s’agirait plus tant de savoir si les cartes disent juste ou faux mais jusqu’où elles disent vrai. Elles excitent le Réel ». Le livre parait à l’occasion de l’exposition au Salon d’Art du 17 octobre au 17 décembre pour les 95 ans de Pierre Alechinsky. Le duo Muriel Logist et Pascal Lemaitre signera Paupières de sel, un livre qui interroge l’identité, qui plonge dans la mémoire pour en extraire des éclats de vie, en mots et en images.
Éloges de la rentrée
Hasard des calendriers éditoriaux, le genre de l’éloge sera fortement présent en cette rentrée. Et dans toute sa diversité, comme en témoignent les trois auteurs qui l’illustrent. Juliette Nothomb publie un Éloge du cheval le 7 septembre aux éditions Albin Michel, où les souvenirs d’enfance s’entrecroisent avec un propos plus général sur le cheval à travers les époques. Aux Presses universitaires de France, Laurent De Sutter se livrera quant à lui à un Éloge du danger. Le prolifique philosophe du droit interroge ici la notion de danger, qu’il corrèle à la demande de sécurité.
Pour Grégoire Polet, ce sera un Petit éloge de la Belgique, dans la collection « Folio 2 € » de Gallimard, bref texte où l’auteur dit son attachement à son pays.
Quand les livres parlent de littérature
L’histoire et la critique littéraires ne sont pas en reste en cette rentrée.
Elles sont même au cœur du programme des Impressions nouvelles. La collection « La fabrique des héros », devenue une référence sur les héros de la pop culture, s’intéressera au monde d’Harry Potter : le prochain livre de la série sera Hermione Granger, annoncé pour le 10 novembre. Il est signé Tanguy Habrand, qui après une somme sur l’édition en Belgique co-signée avec Pascal Durand et Le livre au temps du confinement, montre qu’il a plusieurs cordes à son arc. La même maison d’édition publie aussi, le 8 septembre, un nouveau livre du poète et universitaire Jan Baetens, Illustrer Proust. Histoire d’un défi. Le 6 octobre paraitra La bande dessinée en France à la Belle-Époque 1880-1914 de Thierry Groensteen.
Fondateur et responsable des Impressions nouvelles, Benoit Peeters est aussi essayiste et publie deux essais chez Flammarion, à paraitre le 7 septembre : Réinventer le roman, entretiens inédits dans lesquels il évoque l’aventure du nouveau roman et du nouveau cinéma, et une biographie d’Alain Robbe-Grillet, Robbe-Grillet : l’invention du nouveau roman.
Les éditions Esperluète ont lancé en 2017 la collection d’entretiens « Orbe », animée par Frédérique Dolphijn. La collection s’enrichit d’un nouveau volume : Frédérique Dolphijn dialoguera avec une autrice habituée de la maison d’édition, Nicole Malinconi. Le livre sera en librairie le 21 octobre.
Aux éditions CFC, l’artiste et écrivain Pol Bury (1922-2005) sera à l’honneur à l’occasion de son centenaire, avec Pol Bury. Livres et écrits de Frédérique Martin-Scherrer, qui tente plus particulièrement de comprendre l’articulation entre écriture et arts plastiques dans la trajectoire de Bury.
Les éditions de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique (Arllfb) publient les actes de deux colloques organisés récemment par l’institution : La cuisine de nos écrivains et Littérature et médecine.
Les éditions des Midis de la poésie publient depuis quelques années les textes de certains conférences prononcées dans le cadre des Midis. C’est le cas de celle de Pascale Seys, Virginia Woolf, écrire en guerre, à paraitre à la rentrée. Aliette Griz et Elise Peroi cosignent Domousse, qui revient sur l’outil de médiation culturelle qu’elles ont conçu pour faire entrer la poésie à la crèche.
Les éditions Kennes mettent en avant la bande dessinée avec une biographie du bédéiste Philippe Tome (1957-2019), Philippe Tome, l’exalté signée par Charles-Louis Detournay.
« L’article », le mensuel littéraire de petit format des éditions Lamiroy, poursuivra sa route à la rentrée, avec une livraison de septembre consacrée à Hervé Guibert et celle d’octobre à Amélie Nothomb.
Sous le beau titre Bouche bavarde oreille curieuse, Lydia Flem publiera un nouveau livre le 26 août, dans la collection « La librairie du XXIe siècle » des éditions du Seuil, qui accueillent l’ensemble de son œuvre. Il s’agit d’un recueil de textes sur la littérature et les arts, où elle interroge en particulier la puissance des stéréotypes, et notamment la figure du masculin.
Beaux-Arts et beaux-livres
La rentrée des éditions CFC sera essentiellement artistique avec plusieurs beaux-livres prévus. Éric Hennaut et Ursual Wieser Benedetti évoqueront dans Jules Buyssens et le nouveau jardin pittoresque le travail et le parcours de Jules Buyssens (1872-1958), figure belge majeure de l’art des jardins et du paysage (9 septembre). Dans On Display. Designing the Shop Experience, Benjamin Stoz montre le rôle de la boutique dans le paysage urbain et la manière dont elle imprègne la culture populaire. La maison d’édition consacre aussi un livre au photographe Mathieu Van Assche, Mascarade, où l’on découvre ses « photographies sabotées » (21 octobre). Benoit Dusart et Hans Theys signeront quant à eux le premier livre rétrospectif sur l’œuvre de Manon Barra : Manon Barra, en chair et en noces (4 novembre).
La Renaissance du livre nous emmènera en terres liégeoises, sous la conduite de Thierry Luthers, pour Le forum de Liège. 100 ans d’émotion, un livre qui retrace l’histoire de cet important lieu culturel et de ceux qui l’ont animé.
Philosophie, sociologie et société
Après son recueil de nouvelles Autobiographie d’un poulpe (Actes Sud), l’éthologue et philosophe Vinciane Despret continue son observation passionnée et non-spéciste de la vie animale dans Et si les animaux écrivaient, à paraitre chez Bayard, essai où elle évoque les formes diverses de la communication animale.
Ce sont les mœurs des Liégeois que Laurent Demoulin et Jean-Marie Klinkenberg ont quant à eux choisi d’interroger, avec une édition « illustrée, revue et considérablement augmentée » de leurs Petites mythologies liégeoises, à découvrir en septembre aux éditions du Tétras Lyre.
Annemarie Trekker s’est intéressée aux objets du quotidien pour Les objets, messagers de notre histoire : pour quoi il ne faut pas tout jeter. À rebours d’une tendance actuelle au grand nettoyage, elle explique comment les objets sont dépositaires d’une partie de notre histoire et méritent, à ce titre, d’être conservés.
Les grands courants politiques et philosophiques sont au centre de plusieurs publications en cette rentrée. Ainsi, Bernard Quiriny délaisse momentanément la fiction fantastique pour un essai, Le club des libéraux, à paraitre le 22 septembre aux éditions du Cerf. Dans une interview parue dans Le Carnet et les Instants n°212, l’auteur confiait à Michel Zumkir à propos de ce livre : « je l’ai écrit un peu comme un roman, sous la forme d’un dialogue, pour lui donner de l’aération et du charme. On peut dire que dans ce cas une sorte de compénétration a opéré. Ma grande peur est que les universitaires ne le trouvent pas sérieux, même si le fond l’est, et que les littéraires le trouvent ennuyeux même si la forme ne l’est pas ». Edouard Delruelle parle, lui, du socialisme pour le nouveau volume de la collection de vulgarisation des éditions Renaissance du livre, « Dis, c’est quoi… ? ». Nadia Geerts, qui avait traité de la laïcité pour la même collection l’année dernière, revient sur cette thématique pour cette rentrée avec l’essai Neutralité ou laïcité, la Belgique hésite, à paraitre le 6 septembre chez Luc Pire.
Chez le même éditeur, Bruno Humbeeck publie le 6 septembre Comment agir face au cyberharcèlement ? qui ambitionne de fournir une réponse efficace aux parents dont les enfants sont confrontés à une forme de cyber-harcèlement.
François Gemenne et Olivier Servais co-signent, avec La tyrannie du risque zéro (Karthala, 8 décembre) une réflexion à la fois anthropologique et historique sur la notion de risque, qui débouche sur une interrogation de la gestion de la crise du covid, marquée par une volonté de maitriser totalement le risque.
Littérature patrimoniale : des anniversaires et des classiques
En cette année du centenaire de la naissance de Christian Dotremont (1922-1979), le co-fondateur de CoBrA sera l’un des auteurs en vue de la rentrée, avec deux parutions le 7 octobre. L’Atelier contemporain publie Dépassons l’anti-art : écrits sur l’art, le cinéma et la littérature, 1948-1978, un recueil d’écrits dans lesquels l’auteur évoque de grandes figures du milieu artistique belge (René Magritte…), du surréalisme parisien (Paul Eluard…), de CoBrA (Asger Jorn, Pierre Alechinsky), ainsi que d’autres personnages tels que Gaston Bachelard, Jean Cocteau ou Jean-Paul Sartre. Chez Fata Morgana paraitra, sous le titre La reine des murs, un volume rassemblant les lettres du poète à sa première muse, la poétesse Régine Raufast, et le poème La reine des murs, écrit en 1942.
Aux éditions Tétras Lyre, c’est un autre anniversaire qui sera commémoré, celui des 30 ans du décès du poète liégeois François Jacqmin (1929-1992). Deux rééditions sont prévues en octobre : Éléments de géométrie et Manuel des agonisants.
La collection Espace Nord, qui a récemment passé le cap du 400e numéro, poursuit son travail de mise à disposition, au format (et au prix) du livre de poche, des classiques de la littérature belge d’aujourd’hui et de demain. Le 25 août sortira la réédition d’Une enfance gantoise de Suzanne Lilar (1901-1992). L’écrivaine et académicienne y évoque les premières années de sa vie, ses souvenirs familiaux et y cherche les prémices de sa vocation littéraire. Double publication le 22 septembre : la collection s’enrichit d’un nouveau volume d’Émile Verhaeren. Un Verhaeren qui ne manquera pas de surprendre : Contes de minuit et autres nouvelles, comme son titre l’indique, est en effet une anthologie de nouvelles et proses d’un auteur surtout connu pour sa poésie. Le trajet, roman qui a valu à Marie-Louise Haumont le prix Femina en 1976 – il s’agit d’ailleurs à ce jour de la dernière lauréate belge du prix – fait son entrée dans la collection. Les lecteurs y découvriront un personnage dont la vie, immuable, est réglée par l’habitude : trajet en autocar, travail, retour à la maison, rangement, et encore et encore… Jusqu’au jour où un grain de sable se glisse dans la mécanique. Deux volumes de Maurice Maeterlinck paraitront le 6 octobre : L’oiseau bleu, féerie théâtrale mondialement connue, et La vie des termites suivi de La vie des fourmis qui vient compléter le panorama du Maeterlinck essayiste et observateur de la nature initié avec La vie des abeilles, suivi de L’intelligence des fleurs. Parallèlement au travail d’Espace Nord, Albin Michel publiera aussi un volume du seul Prix Nobel de littérature belge, dont l’œuvre est désormais tombée dans le domaine public : La nuit des enfants, suite inédite de L’oiseau bleu, sortira le 1er septembre chez l’éditeur parisien. Le 10 novembre, c’est Paul Willems qui sera à l’honneur dans la collection Espace Nord avec un roman, Blessure et un double volume de théâtre, La ville à voile suivi de La vita breve.
Les éditions Ker assurent la publication des « Archives du futur », collection de référence pilotée par les Archives & Musée de la littérature, qui propose des éditions critiques des œuvres complètes de classiques de la littérature belge. Deux nouveaux volumes paraitront le 9 novembre. Le 1er tome des Œuvres complètes de François Jacqmin, coordonné par Gérald Purnelle, rassemble des écrits de jeunesse du poète et lance, en cette année anniversaire, le travail de longue haleine de réédition de l’ensemble de l’œuvre du poète. De Thomas Owen parait dans la même collection Glanures, recueil de textes inédits où transparait le goût du macabre, de l’insolite et du sensuel qui caractérise l’écriture du maitre du fantastique.
Les éditions de l’Arllfb ont elles aussi elles aussi entrepris un travail de redécouverte et d’édition d’œuvres du patrimoine littéraire belge. En cette rentrée, c’est un académicien qui est à l’honneur : L’Indien de la gare du Nord, roman de Jacques Crickillon (1940-2021) paraitra, escorté d’une préface de Jacques De Decker et d’une postface d’Éric Brogniet.
Quant aux éditions CEP, elles proposeront une réédition d’un recueil poétique de Maurice Carême, Brabant, annoncée pour début octobre. Ce volume suivra de peu une autre réédition de Maurice Carême : Medua suivi de Nausica, aux éditions Piranha.
Mais aussi…
Deux volumes d’aphorismes sont prévus aux éditions La pierre d’alun : Bref caetera d’André Stas et Benjamin Monti et Adages de Raoul Vaneigem, illustré par André Stas, volume dans lequel Raoul Vaneigem souhaite mettre en exergue « le retour à l’entraide et à l’autonomie individuelle » pour mettre fin « à l’individualisme et au règne du calcul égoïste ».
Bons plans et conseils pratiques aux éditions Ker : Plan Coop. Semer ensemble les graines d’un projet et en partager les fruits de Nicolas Loodts et Thomas Schmit vous dit sur le maraichage biologique, qu’on le pratique dans le cadre familial ou à l’échelle d’une coopérative.
Les éditions Lamiroy publient Madame Irma, perles fines de Kro (1er septembre), perles d’humour de celle qui affirme mettre « à votre service mes talents de voyance, mon professionnalisme, ma perspicacité, mon empathie, ma bienveillance ainsi que ma sensibilité ». Le 1er octobre, l’abécédaire Bêteman. Le Bêta B.A.-BA de Patryck de Froidmont revient sur l’aventure de Bêteman, cette parodie bruxelloise de superhéros.
Les éditions de L’L, enfin, se signalent en cette rentrée littéraire en proposant des traductions anglaises de deux livres qu’elles avaient précédemment publiés. Cerebrum, le faiseur de réalités d’Yvain Juillard, livre à la croisée du théâtre, de la science et de l’imaginaire, reparait dans une traduction anglaise de Laura Jones sous le titre Cerebrum. Maker Of Realities. Chercher avec l’aventure de L’L depuis les arts vivants. Fascicule 1. La singulière aventure de L’L. de Pierre Boitte connaitra aussi une version anglaise. La traduction signée Martin McGarry s’intitule Exploring For The Sake Of Exploring In The Living Arts With L’L. First Instalment. L’L : An Extraordinary Adventure.
La rentrée belge avec Le Carnet et les Instants
Comme chaque année, Le Carnet et les Instants se mettra dès la mi-août à l’heure de la rentrée littéraire. Les recensions, les dernières nouvelles des prix littéraires et toute l’actualité de la rentrée sont à suivre sur notre blog, sous l’onglet « Rentrée littéraire ».
Nausicaa Dewez